Censure

Campagne africaine : Les passements de jambe des dirigeants du foot guinéen

Suite au Covid 19, la Fédération guinéenne de football a décidé de siffler la fin des championnats de football en Guinée. Pour la campagne africaine, l’instance dirigeante du football guinéen a décidé que les 1er et 2è au terme de la 13è journée (entièrement jouée) du championnat représentent la Guinée en Ligue des champions de la CAF. C’est donc le Horoya AC et le SAG Ashanti qui iront.

Quid de la coupe de la Confédération africaine ? La Fédé a décidé que le 3è du championnat, le Wakirya, représente la Guinée à cette compétition. En plus de ce club, elle a également sorti un lapin de son chapeau de magicien, en choisissant le… Club Industriel de Kamsar (CIK), finaliste malheureux de la coupe nationale de l’année dernière face à Horoya AC -déjà en ligue des champions de la CAF-, représente notre pays. Sur les critères objectifs qui ont prévalu à ce choix bizarre, mystère et boule de gomme. La performance réelle, mesurable, non pas sur les bases de l’année en cours, celle qui du reste nous intéresse ; et qui offre les meilleures garanties de succès à la République de Guinée dans les compétitions internationales, ont été enrhumées par un de ses passements de jambes, maîtrisé par les ailiers, pour aller effectuer un centre en direction de la surface de réparation. Pour parler comme un joueur de Pari Mutuel Urbain (PMU), si on voulait choisir un canasson en espérant battre les purs sangs issus des meilleures sélections dans le Grand Prix d’Amérique, on ne s’y prendrait pas autrement !

Comment peut-on choisir une équipe sur la base d’un passé momifié, au détriment des performances avérées du moment, quantifiables par le nombre de points affectés à chaque équipe, en fonction de ses résultats dans le championnat national, la seule base objective disponible pour le choix des représentants de la Guinée en coupes africaines ? N’est-ce pas des équipes performantes de l’année en cours qui peuvent et doivent représenter un pays ? Où est la logique ? La Coupe n’ayant pas été jouée cette année, on ne peut, si on veut être crédible et sérieux, considérer une compétition qui n’a pas été jouée comme une base de qualification d’un club.

Cela pose évidemment un sérieux problème éthique car, le Club Industriel de Kamsar (CIK), classé 8è du championnat, parce qu’empilant défaites sur défaites face à des équipes sans aucun talent, est justement le club présidé par… le président de la Ligue professionnelle du football, Mathurin Bangoura. Le fait est d’autant plus grave, qu’il y a à peine quelques mois, ces messieurs de la Fédération s’égosillaient, toutes veines dehors, pour dénoncer la corruption de Paul Put, Amadou Diaby, et consorts. Parce que ce sont des pratiques qui écornent l’image du footbll et qui ramènent notre football dans des dédales sombres où ce sont carnets d’adresses, positions des décideurs, subjectivité et injustice qui priment. Les pauvres ! Le Fello Star de Labé, arrivé 4è à l’issue de la 13è journée du championnat, à 4 bonnes marches du CIK, appréciera…

En attendant, il y a lieu de se poser la question de savoir comment peut-on espérer améliorer les performances des clubs guinéens – et par ricochet le championnat national – par des procédés aussi surréalistes qu’affligeants. L’arbitraire n’a jamais permis d’avancer : il sape les efforts des plus méritants et dégrade l’image de ceux qui s’en accommodent et qui, une fois seul, au tribunal de leur conscience, auront du mal à se regarder dans une glace. Car, au mieux, cette décision fantaisiste ajoutera plus d’interrogations sur le sens des responsabilités des dirigeants du football guinéen ; au pire, une fois floqué de ce qui lui servira de maillot en compétition africaine, le CIK risque de se retrouver plus ridicule qu’il ne l’est déjà, avec cette décision hallucinante.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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