Censure

Nouvelles mesures sanitaires / A Conakry, les réactions sont divergentes

Pour éviter une plus grande propagation de la COVID-19 en Guinée, précisément à Conakry, le Président de la république, Alpha Condé, a dans une adresse à la nation, hier vendredi, prolongé d’un mois les mesures d’urgences. Face à cet état de fait, nous sommes allés dans les rues de Conakry, à la rencontre du citoyen lambda.

Marchande de friperie au carrefour de Kipé (centre émetteur), Bintia Sangaré, en langue malinké est plutôt favorable à la levée de l’Etat de siège. « On ne nous achète plus rien (parlant des clients). Nous souffrons vraiment. Qu’il (président Alpha Condé ndlr) nous aide à mettre fin à cet état de siège. Nous sommes vraiment contrariées. Mais comme c’est une décision du président de la république, nous ne pouvons que l’appliquer » a-t-elle déploré.

A quelques mètres de là, Mme Kouyaté Mariam Sylla, y va presque dans le même sens.

« Il (président Alpha Condé ndlr) n’a qu’à essayer de diminuer cette durée. Ça ne nous arrange pas. Vu que nous sortons le matin et sommes obligés de rentrer à 16h, en sachant qu’il n’y a même pas d’achat. Avant quand je sortais je pouvais vendre jusqu’à hauteur de 1 million de francs guinéens, mais actuellement même 200 mille francs. Hier c’est 5000 francs j’ai vendu en marchandise. Qu’il essaye de diminuer … » a suggéré cette mère de famille.

Chauffeur de Taxi pour long voyage, Alseny Bah, bien que souple face à ces nouvelles directives, se sent au chômage. « On accepte ce que le Président a dit. Mais si la date de ce nouveau prolongement prend fin, il faudrait, qu’il nous libère maintenant pour que les gens puissent vaquer à leurs occupations. Il ne faut pas qu’il continue à nous punir seulement.  Nous, on transporte des marchandises vers l’intérieur du pays. Mais actuellement la route est bloquée, donc nous sommes au chômage » nous a-t-il confié.

Souhaitant garder l’anonymat, un citoyen doute de l’efficacité de ces mesures tant que la population ne mesure pas toute l’importance. « Même si on prolonge pour un mois ou un an, que les gens ne s’appliquent pas, ça ne peut rien donner à mon avis. Si je prends l’exemple du Sénégal ou le Président a ordonné l’ouverture des mosquées, certains religieux ont carrément dit non ce n’est pas possible, effectivement c’est une raison. Mais quand on parle de l’état d’urgence ce n’est pas tellement respecté, regardez par exemple les marchés ou les gens sont collés les uns aux autres. Il faudrait que les citoyens même soient conscients de l’existence de la chose, et savoir comment nous y prendre pour pouvoir éviter ça. On suppose que c’est à Conakry que le coronavirus existe et à l’intérieur il n’y a rien. Il faudrait des dispositions pour que l’intérieur ne soit pas touché » a-t-il analysé.

Seny Touré alias enfant de Moriah, trouve pour sa part cette décision de prolongation salutaire.

« Vraiment ce qu’il a pris comme décision, c’est une réalité. Cette maladie prend de l’allure chez nous. Il y a 2000 et quelques cas. Même le blanc (parlant des occidentaux) a dit qu’on a pas assez de structures sanitaires. J’ai suivi les infos hier, et je me suis dit que la décision du Président est bénéfique pour nous. Bien que les temps sont durs, parce que nous sommes des pères de familles ; tu as des dépenses. Mais c’est bon, pour pouvoir nous protéger. »

A rappeler que les mesures d’urgences sont prolongées jusqu’au 15 juin 2020.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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