Censure

Mort en prison d’Alhassane. « Mon client est mort pour des questions pécuniaires et non juridiques », peste son avocat

A la faveur d’une conférence de presse tenue, le 24 mars 2022 dans la salle Mohamed Koula Diallo de la Maison de la presse, la jeunesse de Yattaya réunie en association a réclamé justice pour la mort d’Alhassane Bangoura, un des leurs décédé en prison.

D’entrée, Sékou Maouloud Koïta, avocat de la famille et ex employeur d’Alhassane Bangoura alias ‘’Grand Roy’’ a rappelé que son client, accusé d’avoir volé un poste téléviseur, a été arrêté par la brigade anticriminalité numéro 5 de Nongo, le 18 février puis déféré le 28 février à la Maison centrale de Conakry. Le père de famille de six enfants n’aura passé que deux semaines à la maison centrale avant de rendre l’âme le lundi 14 mars 2022.

Ensuite, Maître Sékou Maouloud Koïta a confié que son client est loin de ce qu’on l’accuse. « Feu Alhassane Bangoura en plus d’être mon client, j’ai partagé avec lui l’habitation de ma maison pendant plus de 4 ans. Comment imaginer qu’un avocat de mon état, qu’un universitaire de mon état vive pendant plus de 4 ans avec un malfrat ? C’est inimaginable, ce n’est pas possible », a-t-il dit.

L’avocat a également précisé que son client ne souffrait d’aucune pathologie qui pouvait écourter sa vie : « Moi je l’ai connu en très bonne santé. Il faisait partie des jeunes leaders pour l’assainissement du quartier et pour les activités de la mosquée. Je vous ai dit qu’on dormait dans la même maison. A part le rhume, un petit palu, je n’ai rien senti. Et ces derniers temps, avant son enlèvement par la Brigade Anticriminalité (BAC), je n’appelle pas ça interpellation, il n’a pas montré de signe de maladie. Et mieux encore, le code de procédure pénale est clair. Lorsque vous arrêtez quelqu’un pour le mettre en prison, vous avez l’obligation de faire son examen médical. Il a été placé sous mandat de dépôt le lundi 28 février. Le mardi, il a passé son examen médical, il n’avait rien. On a la même curiosité que vous. »

Enfin, l’enseignant chercheur s’est aussi prononcé sur des manquements juridiques qui auraient caractérisé le dossier de son client. « Demander de l’argent pour une mise en liberté provisoire n’est pas illégal. On appelle ça la caution. C’est aussi une garantie. Si vous n’avez pas d’avocat, pas de domicile identifié, le juge d’instruction peut dire de payer une caution qui va être votre garantie. Là où le bât blesse c’est qu’il s’agit d’une caution de télé, une procédure où vous avez un avocat, où vous avez un domicile identifié. Par conséquent une affaire dans laquelle il n’était pas nécessaire de demander une caution. Mais nous avons accepté le principe de payer la caution. Personnellement j’ai discuté avec la juge d’instruction pour lui dire : acceptez ma demande de mise en liberté. Elle m’a dit de demander à la famille. Je lui ai dit depuis quand on négocie avec la famille quand il y a un avocat ? La caution doit être discutée avec l’avocat que je suis. Elle m’a dit que le frère du défunt a décidé de payer dix millions de francs guinéens. J’ai rigolé en lui disant mais on parle de vol de télé là. Vous avez accepté de la famille de payer dix millions ? Je lui ai dit qu’on ne peut pas payer dix millions mais de me proposer une caution raisonnable. Elle a dit 8 millions GNF j’ai dit non, 5 millions GNF j’ai dit non. On a fait une contre-proposition de 3 millions GNF, le jour de son décès, on nous dit que c’est ce jour qu’on devait le mettre à notre disposition c’est-à-dire le libérer. Mais Dieu a rendu la justice autrement. C’est comme cela que je qualifie sa mort. Mon client est mort pour des questions pécuniaires et non juridiques », a-t-il déploré.

Maître Koïta a indiqué qu’il reviendra à la famille après les résultats de l’autopsie de se constituer partie civile et de porter plainte.

Thierno Abdoul Barry pour guinee7.com

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