Il y a trois jours, la lettre « recommandation » du ministre des Mines, Moussa Magassouba, au directeur général de la société Sycamore-Robex Ressources en faveur de la Guinéenne de Prestation et de Commerce (GPC), a fuité dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Cette lettre (voir ci-contre), exprime « la recommandation sans réserve du ministère des Mines et de la Géologie de la société Guinéenne de Prestation et de Commerce (GPC) qui est l’un des postulants les plus compétitifs pour le contrat de vos travaux miniers à Kiniero dans la préfecture de Kouroussa ».
Le ministre justifie ce que de nombreux observateurs qualifient entre autres de trafic d’influence par la promotion du « contenu local ». Il est d’ailleurs appuyé dans ce sens par le PDG de la société bénéficiaire de ses largesses.
« On a été sélectionné suite à un appel d’offres international où 15 entreprises ont soumissionné. On est la seule entreprise locale. Je suppose à cet effet, que le ministre ayant pris connaissance de cela, étant attachés, lui et le président ainsi que tout le gouvernement, au respect du contenu local, a pris la décision de recommander la seule entreprise locale en compétition avec les autres entreprises internationales », défend Amadou Kaba, chez nos confrères de FIM.
Lui qui dit être « ni de près ni de loin lié au courrier du ministre. Je l’ai découvert en même temps que tout le monde sur les réseaux sociaux et dans les médias », tout de même « ne condamnera jamais ce qu’il a fait ».
Il faut rappeler que la façon très particulière du ministre à promouvoir le « contenu local » est un frein à la libre concurrence, une exigence de l’économie de marché qui vise à protéger les concurrents contre les interventions de l’Etat.
Le respect du contenu local est une des exigences soumises aux investisseurs dans le secteur minier. « A la limite, le ministère peut rappeler les principes généraux à une Société qui recrute. Mais recommander une entreprise particulière ne relève pas du respect du contenu local », commente un connaisseur du secteur.
D’ailleurs la politique de contenu local telle que décrite sur le site du ministère des Mines et de la Géologie en ce qui concerne le volet fournisseurs ne donne de rôle à l’administration publique que celui de « mettre en place un cadre légal et fiscal stable pour permettre aux entreprises d’être compétitives sur les marchés de contrats d’affaires, dont les retombées doivent renforcer la croissance économique ».
Pour rappel la politique de contenu local a été élaborée par le gouvernement guinéen en collaboration avec ses partenaires notamment les opérateurs industriels, la Société financière internationale (SFI), la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, pour permettre une forte contribution des projets miniers à l’économie nationale et un renforcement des compétences tant des travailleurs de l’industrie minière que des autres secteurs.
Qui peut imaginer un seul instant que les institutions citées haut puissent soutenir la politique de contenu local si elle devrait être appliquée par la méthode de Moussa Magassouba ? Un scandale.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com