Censure

Simandou. Faut-il obliger les compagnies à prendre des risques inconsidérés ?

Le 18 Mars 2023, une cérémonie a été organisée à grandes pompes à Forécariah, pour marquer la « relance des travaux » liés au développement du mégaprojet Simandou, sans tenir compte de certains détails importants qui ont émaillé la vie du projet.

Globalement, il s’agit d’aménager un chemin de fer capable de supporter à terme un trafic de 100 tonnes de minerai de fer par an, d’une longueur variant entre 650 et 670 km, reliant le sud montagneux (Kerouané-Beyla) à la côte, précisément à Moribayah, dans la préfecture de Forécariah, où il est prévu de construire un port en eau profonde de très grande capacité.

La « nouveauté » au cours de cette fameuse cérémonie marquée par le discours choc du chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya (Ndlr : « Si les contrats ne sont pas respectés, je reprendrais Simandou »), est la présence du géant chinois de l’acier Baowu Steel.

En effet, avec un groupe sidérurgique de cette dimension, installé sur les blocs 1 et 2 (Simandou Nord) et partenaire dans le même consortium (Winning Consortium Simandou ou WCS) au grand groupe Winning  – reconnu mondialement pour son expertise dans l’aménagement des infrastructures maritimes et leur exploitation -, on pourrait être tenté de croire que tout est bouclé, mais les choses ne sont pas si simples…

Baowu Steel n’a pour le moment signé qu’un « term sheet  non contraignant » (en décembre 2022), ce qui suppose que le « term sheet » définitif est lié à des garanties solides que toute compagnie de cette dimension exigerait avant de se lancer irrévocablement dans un projet de plus de 15 milliards de dollars USD.

Force est de reconnaître que les atermoiements des nouvelles autorités ont refroidi les investisseurs depuis l’arrêt unilatéral des travaux décidé par la partie guinéenne (en mars puis en juillet 2022) et, selon un expert du secteur minier, cela aura un impact indéniable sur le rythme d’évolution du projet.

« Il y a d’abord le problème fondamental du financement dans un contexte où la confiance n’est pas un élément quantifiable. Il faudra beaucoup de patience pour lever toutes les réticences et ramener le climat de confiance qui prévalait avant mars 2022 », souligne-t-il.

WCS était la seule compagnie qui a engagé la construction de gros ouvrages liés au mégaprojet, l’autre « concurrent », Rio Tinto/Simfer (installé sur les blocs 3 et 4 ou Simandou Sud), qui est devenu un partenaire dans le cadre de la Compagnie du Transguinéen (CTG) n’ayant pas débuté concrètement la phase de construction au moment de la décision d’arrêt des travaux.

Selon certaines sources, il serait même question de voir comment le géant anglo-australien va mettre la main à la poche pour participer aux grands travaux…

Quoi qu’il en soit, pour le moment, un « pacte d’actionnaires » a été officiellement signé le 8 mars 2023 (même si l’annonce a été faite le 13 mars), mais les détails sont toujours en train d’être peaufinés pour le rendre réellement opérationnel. Combien de temps dureront les discussions finales ? Mystère et boule de gomme…

Dès lors, il va de soi que de simples déclarations ne suffisent pas et il sera difficile, même en faisant preuve d’un volontarisme débridé, d’obliger les compagnies à prendre des risques inconsidérés avec l’argent de leurs actionnaires et autres partenaires financiers.

On attend donc la fin des négociations qui pourrait permettre de régler tous les détails qui gênent pour le moment le développement de ce projet historique…

Avec Westaf Mining

Facebook Comments

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.