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Affaire de 250 millions GNF, dialogue, ANAD: Pépé Francis Haba, se confie à Guinee7

Pépé Francis Haba, président de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD) et coordinateur de l’Alliance pour la République (APR), nous a accordé un entretien, ce mercredi 9 août 2023. Au cours de cet entretien, il est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’ANAD, de leur intégration du cadre de dialogue après l’avoir boycotté au début mais aussi de cette affaire de…250 millions de GNF. Lisez !

Guinee7.com: Quels sont les motifs qui vous ont poussé à quitter l’ANAD, vous et d’autres formations politiques ?

Pépé Francis Haba :  Écoutez, nous avons deux raisons fondamentales. Nous voudrions maintenant là, proposer nos idées aux populations guinéennes en notre nom et pour notre propre compte. Nous voudrions mutualiser nos efforts, nos partis politiques nous qui avons quitté, pour préparer sereinement et honorablement les futures élections (les élections locales, législatives et la présidentielle). Nous avons aussi quitté pour plusieurs autres réalités relatives à la gestion de l’ANAD. Maintenant, nous avons créé notre coalition, on veut en faire une force de proposition, et nous avons aussi répondu favorablement aux aspirations de nos militants, de nos sympathisants, des personnes ressources, de nos différents bureaux à travers le pays et aussi à l’étranger. Nous avions des interpellations incessantes, des gens qui nous disaient de prendre notre destin en main. C’est ce que nous avons fait et c’est pourquoi nous avons lancé notre propre alliance électorale, le 16 juillet dernier.

lorsque nous nous réunissions avec nos partenaires techniques et financiers, tout le monde nous demandait d’aller au cadre de dialogue

Pourquoi intégrer maintenant le cadre de dialogue que vous avez préalablement boycotté?

Je pense que c’est d’ailleurs une raison interne qui nous a poussés à quitter l’ANAD. Lorsque nous faisions le tour des chancelleries, lorsque nous nous réunissions avec nos partenaires techniques et financiers, tout le monde nous demandait d’aller au cadre de dialogue. Nous promettions, d’appuyer ce cadre-là pour que le cadre puisse réussir et puisse aboutir à l’apaisement en Guinée. Et à l’organisation d’élections inclusives, équitables et transparentes. Ça c’est d’une part. D’autre part, étant donné qu’on ne se sentait plus vraiment dans notre peau, on ne voulait plus porter des voix alors que ces voix-là ne répondaient pas aux aspirations de nos militants et sympathisants. Nous avons donc quitté pour effectivement intégrer le cadre de dialogue.

Nous l’avons annoncé le jour du lancement de notre alliance et il y a quelques jours, nous avons écrit au Premier ministre et aux facilitatrices pour qu’ils puissent nous aider à intégrer maintenant le cadre de dialogue. Ils ont validé cela et nous devrions maintenant les rencontrer dans les jours qui viennent pour discuter techniquement, de comment nous allons intégrer. Puisque les autorités disent que ce cadre est un cadre permanent et dynamique, ça veut dire que les dernières conclusions issues de la première session peuvent être amendées, améliorées et même rectifiées. C’est pourquoi, fort des propositions que nous faisions par médias interposés, nous voudrions donc aller proposer ces idées autour de la table, les justifier pour qu’elles soient prises en compte. Parce que nous avons des idées relatives à la Constitution, nous avons des idées relatives au Code électoral, à l’organe de gestion des élections, nous avons des idées relatives, aux fichiers électoraux. Donc nous voudrions aller autour de la table au lieu de rester dans notre carcan de contestation perpétuelle. Nous voudrions quitter dans ça pour recentrer nos efforts dans la redynamisation de nos structures à la base et avec notre participation au cadre de dialogue pour qu’on puisse savoir, étape par étape, quels sont les niveaux d’avancement, dans les différentes activités pour le retour à l’ordre conditionnel. Pour nous, en jeune formation politique, c’est très bénéfique pour nous pour que nous soyons prêts pour les élections.

nous avons donc décidé de quitter l’ANAD, puisque eux, ils veulent rester dans la contestation permanente

Vous avez intégré ce cadre de dialogue sur votre demande. Pourquoi vous n’avez pas attendu qu’on vous invite à nouveau ?

Comme je vous ai dit, quand vous êtes dans une grande coalition, je pense que le débat de participation ou pas au dialogue s’est posé. Il y a toujours des ‘‘pour’’ et il y a des ‘’contre’’. Vous êtes obligés quelquefois de porter la voix, même si vous n’êtes pas forcément d’accord avec la majorité. C’est ce qu’on appelle de la solidarité. C’est pourquoi vous partez ensemble. Etant donné qu’à un moment, nous nous sentions complètement inconfortables et nous sentions certaines de nos revendications complètement inutiles, nous avons donc décidé de quitter l’ANAD, puisque eux, ils veulent rester dans la contestation permanente ; pour nous créer notre propre alliance et participer à toutes les initiatives pour l’apaisement de la cité. Je pense que quand nous arrivons autour de la table de dialogue, notre arrivée va énormément changer les choses. Je pense que ça va contribuer à apaiser la cité, parce que les mêmes revendications que nous faisions hier, quand nous n’étions pas là-bas, nous allons proposer ces revendications, nous allons proposer ces idées et nous allons les justifier pour que, naturellement, les gens puissent en prendre compte, parce que pour nous, ça va contribuer absolument à la réussite de la transition.

Personnellement, j’ai deux somptueuses villas. J’ai plusieurs propriétés à l’intérieur du pays

Alors, on vous accuse d’avoir reçu 250 millions de francs guinéens pour intégrer ce cadre de dialogue. Qu’en dites-vous ?

Je pense que c’est un manque de respect pour nous, les leaders. C’est un manque de respect pour nous, la nouvelle génération, qui avons toujours été à l’avant-garde pour la démocratisation dans notre pays. Nous sommes quand même membres fondateurs de l’opposition républicaine, membres fondateurs du FNDC. Nous avons lutté contre le troisième mandat, nous avons refusé de l’or pour soutenir ce troisième mandat. Je pense que nous étions dans le secteur privé, nous avions une très belle rémunération qui nous a permis de préparer notre vie. Personnellement, j’ai deux somptueuses villas. J’ai plusieurs propriétés à l’intérieur du pays. En quoi ? Nous allons accepter une parcelle et un ridicule 150 millions pour nous-mêmes et surtout pour nos différentes structures politiques ? Je pense que les gens qui font propager ces rumeurs-là veulent nous salir, mais ils doivent savoir que nous avons de l’expérience, que nous tenons bon, nous sommes droits dans nos bottes, nous allons préparer sereinement les élections. Nous valons 100 000 fois plus que ces montants ridicules qu’ils sont en train de propager sur nos droits. Je ne dis pas, si des gens sont allés prendre de l’argent en notre nom, ça n’engage qu’eux, mais nous, en tout cas, nous sommes sereins, nous n’avons reçu aucun franc et de n’importe quelle autorité que ce soit.

il faut retenir qu’ils sont en train de faire beaucoup plus que le professeur Alpha Condé…

Quelle lecture faite-vous de la conduite de la transition ?

Il faut retenir que la transition s’est définie comme une période de crise et elle va aboutir par l’organisation d’élections locales, d’élections législatives et présidentielle. Et nous, nous pensons qu’aujourd’hui nous n’avons ni visibilité, ni lisibilité parce que nous ne sommes pas autour de la table des dames, parce que nous ne savons pas concrètement quel est le niveau d’avancement des activités. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons pris la décision d’y aller. Pour que si nous avons des critiques objectives à apporter, pour que plutôt si nous avons des critiques à apporter, que ces critiques soient complètement objectives. Nous ne voudrions pas faire des critiques subjectives par voie de médias. Il y a aussi qu’il faut retenir qu’ils sont en train quand même de faire beaucoup plus que le professeur Alpha Condé dans le développement des infrastructures sociales de base, dans le désenclavement de la ville de Conakry. Du point de vue économique, malgré les sanctions, on peut quand même les féliciter. Mais l’évaluation finale, ça va être la réussite de la Transition, ça va être la qualité de l’organisation et les futures élections. Il faut que les futures élections soient des élections crédibles, il faut que les élections soient inclusives et il faut que ces élections soient transparentes.

Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com

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