Censure

An2 du CNRD, Rénovation de la résidence du PM, Facilitatrices, …Bah Oury dit tout à Guinee7

Bah Oury, président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG) a accordé une interview à notre rédaction, ce lundi 4 septembre 2023. Dans cet entretien, le leader politique est revenu sur l’affaire de rénovation de la résidence du Premier ministre, le bilan des deux ans du CNRD, entre autres. Lisez !

Guinee7.com : La conférence des coalitions politiques et faîtières de la société civile a récemment adressé un mémo au président de la Transition. Certains observateurs estiment que vous auriez dû faire ça dès au début du cadre de dialogue inter-guinéen. Quand dites-vous ? 

Bah Oury : Par rapport à cette affirmation, je trouve que ça manque de cohérence. La première étape du cadre de dialogue politique, c’était de légitimer et de conforter les dispositions de l’accord-cadre entre la Guinée et la CEDEO par rapport à la durée de la transition et par rapport aux 10 étapes. Ceci a été déjà acté à travers 35 résolutions. Maintenant, la deuxième phase qui s’ouvre, c’est la mise en œuvre de ces étapes. Et de ce point de vue, le gouvernement, à travers le ministre de l’Administration du territoire, nous a remis un document qui fait état d’un budget estimatif et de proposition et c’est tout à fait actuel de pouvoir, à travers un mémo concerté entre différentes coalitions politiques et des faîtières de la société civile, d’apporter des éléments de réflexion et de proposition. C’est maintenant. Ça ne peut pas être fait avant, puisque ce document nous a été remis officiellement le 14 juillet dernier.

Malheureusement, les facilitatrices ont une autre idée et une autre conception de leur rôle

Donc, c’est le moment d’envoyer ce mémo ?

Bien entendu, parce que, dans une étape antérieure, nous avions souhaité que le cadre de dialogue inter guinéen soit l’espace où on puisse discuter de ce genre de propositions, de ce genre d’idées, d’avoir des réflexions alternatives à travers des plénières avec toutes les coalitions politiques et des faîtières de la société civile. Malheureusement, les facilitatrices ont une autre idée et une autre conception de leur rôle. C’est la raison pour laquelle nous avons créé cette conférence des coalitions politiques et des faîtières de la société civile, pour avoir cet espace de discussions, d’échanges, et c’est cela qui a permis de mettre en œuvre la rédaction de ce mémo et de l’envoyer au président de la transition.

Saliou Bella, a pris la liberté de dire des choses internes sur la place publique jusqu’à créer des problèmes à certains responsables de coalition

Cependant, la coalition que dirige Dr Saliou Bella Diallo, s’est désolidarisée de votre mémo. Il soutient que ses propositions n’ont pas été prises compte. Est-ce que pendant la rédaction du mémo tout le monde a été consulté ? 

Bon, tous les membres ont été consultés, je ne voulais même pas rentrer dans les éléments de réponse de cette question. Mais bon, il faut dire les choses telles qu’elles sont. Monsieur Saliou Bella, c’était lui-même qui présidait la plénière de la conférence des coalitions politiques et des faîtières de la société civile, qui a eu lieu près de deux semaines. C’est lui-même, et sa signature est consignée dans le document. Bon, maintenant le reste de ses propositions, ne rentre pas en ligne de compte. Il a pris la liberté de dire des choses internes sur la place publique jusqu’à créer des problèmes à certains responsables de coalition, mais ça c’est le regard, nous n’en faisons pas un élément de polémique.

Quand on est en situation de responsabilité, il faut faire preuve d’exemplarité, de ne pas être redevable

Alors, ce week-end nous avons vu des documents circuler sur la toile, ces documents révèlent que le premier ministre à travers un marché de gré à gré a rénové sa résidence à plus six milliards GNF. Votre réaction ?

Bon, vous savez, ce n’est pas plaisant de parler des choses personnelles concernant des personnages publics, mais quand on est en situation de responsabilité, il faut faire preuve d’exemplarité, de ne pas être redevable, qu’on sache tout ce qu’on peut être amené à faire, on peut nous demander de nous expliquer publiquement. Donc, le devoir d’exemple, le devoir de probité, le devoir d’honnêteté doit être valable pour tout le monde, y compris ceux qui gouvernent aujourd’hui et ceux qui vont gouverner demain, y compris même ceux qui ne sont pas en situation de responsabilité comme nous autres. Nous devons faire preuve, disons, de probité morale, intellectuelle et d’honnêteté, et de donner le bon exemple à nos compatriotes parce que c’est cela qui permet d’asseoir une réelle légitimité.

La gouvernance du CNRD a mis en avant, la nécessité de renforcer les investissements publics, ce qui n’existait pas

Le budget pluriannuel 2024- 2026 a été adopté récemment au conseil national de la transition (CNT). Votre lecture ?

Bon, je pense que ce qui est essentiel dans ça, parce que j’avais assisté à la séance inaugurale de la discussion au niveau du CNT, la Guinée est en train de changer de cap. La gouvernance du CNRD a mis en avant, la nécessité de renforcer les investissements publics, ce qui n’existait pas ou ce qui était fait avec vraiment beaucoup de légèreté par le passé. Renforcer, disons, les investissements publics à travers les infrastructures et de ce point de vue, en moins de 15 mois, on a vu des réalisations. Et je pense que le fait d’engager un programme pluriannuel sur 2024-2026, c’est dans la tradition de la continuité de l’État. Et je pense que si on tient le cap, si la stabilité est assurée, si la transition va convenablement, il est possible d’engranger d’autres ressources additionnelles qui nous permettront de renforcer les investissements publics. Parce que comme vous le savez, il y a des initiatives, notamment le fait de rapatrier les 50% des revenus des compagnies minières au niveau des comptes dans le cadre national. Le projet du Simandou qui, en 2026, pourrait rapporter en moyenne près de 2 milliards de dollars par an à l’État guinéen, sans compter un autre dispositif qui est méconnu, qui est pratiquement mis de côté, c’est-à-dire la gestion de l’or, tout cela de manière sérieuse, de manière convenable, si on gère tout ça et avec l’aide de Dieu, la Guinée pourrait faire un très bon en avant dans les années à venir. C’est comme je le dis, le géant qui s’était longtemps endormi va se réveiller.

globalement, la mentalité est en train d’évoluer

Ce mardi 5 septembre, marque les deux ans du CNRD au pouvoir. Brièvement qu’est-ce que vous retenez de la gestion du Colonel Mamadi Doumbouya, pendant ces 24 mois ? 

Bon, je pense que, comme je l’ai dit tout à l’heure par rapport à la question concernant la prévision budgétaire, nous changeons de cap. Le changement de cap dans un pays qui était longtemps englué dans la corruption, dans l’abandon des principes de la loi, ce n’est pas facile. Donc, les efforts qui sont engagés sont importants. Changer la mentalité de tous nos cadres, de tous nos membres de ministères et de la mentalité ambiante dans la société guinéenne, ce n’est pas évident. Mais il y a des efforts qui sont engagés. La CRIEF est un exemple. Le jugement du procès du massacre du 28 septembre 2009 est un autre exemple. Bon, les assises nationales avec les dynamiques pour aller dans le sens de la réconciliation, c’est une excellente initiative qu’il faut prolonger et qu’il faut poursuivre. Les infrastructures en ce qui concerne le fait que l’État reprend son rôle dans le cadre des investissements publics de manière plus sérieuse et continue est un autre exemple. Le changement de paradigme dans la gestion minière et dans notre approche de l’exploitation de nos ressources est une autre initiative qu’il faut impulser. Je pense que de toutes les façons, il faut aller de l’avant. Toutefois, ce qu’il faut retenir, la gestion politique doit être renforcée pour qu’il y ait plus de concertation, plus d’ambiance conviviale et des échanges pour nous permettre de passer le cap avec beaucoup plus de bonheur. Sinon, globalement, la mentalité est en train d’évoluer et, comme vous le savez, un pays comme la Guinée ne peut pas se changer avec simplement un coup de baguette magique.

Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com 

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