Censure

Dr Makalé Traoré : ‘‘Alpha Condé a féminisé l’administration et a commencé à donner de la visibilité à la femme guinéenne’’

« Investir en faveur des femmes : Accélérer le rythme », est le thème choisi cette année pour célébrer le droit des femmes. À l’occasion, Dr Makalé Traoré, activiste pour le respect des droits des femmes nous a reçu pour faire le point sur la situation des droits des femmes en République de Guinée.

À notre question de savoir si elle pense que les droits des femmes sont respectés en Guinée, elle a rappelé : « le respect du droit est un processus. C’est vrai que dans notre pays, il y a eu des hauts et des bas. Et c’est allé en dents de scie. »

Nous avons été grandes parce qu’il y avait une volonté politique de faire de nous de grandes femmes

Avant de faire l’historique de ces droits en fonction des différents régimes. « Je pense que le premier régime a donné de la place et de la visibilité à la femme. Et d’ailleurs, aujourd’hui, si encore tout le monde cite Jeanne Martin ; tante Jeanne que j’ai eu l’honneur de connaître avant qu’elle ne quitte ce monde, nous a toujours dit, nous avons été grandes parce qu’il y avait une volonté politique de faire de nous de grandes femmes, de grandes dames. Elle a dirigé aux Nations Unies le Conseil de sécurité. C’est vraiment le plus haut niveau de la décision. C’est le plus haut niveau mondial. Mais comment elle est arrivée là ? Parce qu’elle a été nommée. On l’a mise à l’épreuve. Et elle a montré ses capacités. Donc le plafond de verre, c’est quand même la volonté politique. Je pense qu’aujourd’hui dans ce pays, il y a des centaines de tante Jeanne qui ont posé beaucoup d’actes. Parfois même beaucoup plus d’actes. Mais ce qu’elle a fait a été mis en lumière par une volonté politique. Et donc l’évolution en dent de scie est qu’aujourd’hui on met moins en lumière les valeurs féminines. Ça c’est une réalité », a-t-elle laissé entendre.

Avant de poursuivre : « est arrivé le régime du Général Lansana Conté, donc militaire. Il a fait une affirmation, je pense, qui a été une affirmation malheureuse. Quand il a dit ‘Pour moi la femme c’est à la cuisine’.

Vous savez, au sommet de l’État, les mots ont un sens. Et ça, je pense que ça a été un peu le début d’un phénomène qui aujourd’hui a été un peu corrigé sous le régime du président Alpha Condé qui a féminisé l’administration et qui a commencé à donner de la visibilité à la femme guinéenne, aujourd’hui. »

On peut revendiquer, mais sans la volonté politique, on avance très, très peu

Selon elle des efforts restent encore à faire pour que ces droits soient respectés dans le pays : « le Général (Mamadi Doumbouya, NDLR) doit faire un effort de ce côté-là. Les Guinéennes sont braves. Il y en a qui font beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Mais je parle encore de ce plafond de verre qui est la volonté politique. Pour montrer qui vous êtes, il faut qu’on vous mette en situation de montrer qui vous êtes. L’exemple aujourd’hui, je pense, qui mérite d’être cité, c’est la mise en place du cadre de dialogue inclusif politique et qui a été confié à trois femmes. C’est une première dans le monde entier. Et je pense qu’avec mes deux mamans, on n’a pas démérité par rapport à cette mission qui a été essayée par beaucoup d’hommes. Donc voilà un peu le problème. Et on peut revendiquer, mais sans la volonté politique, on avance très, très peu. Ce plafond de verre-là, il faut que nos maris, nos enfants, nos papas acceptent de briser le verre. La femme peut tout faire. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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