Censure

Trois mois après le sinistre de Kaloum : Le cri de détresse des sinistrés reste sans réponse

Depuis l’explosion dévastatrice du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, les habitants du quartier Coronthie peinent à se remettre sur pied. Malgré leurs efforts, la vie quotidienne demeure un défi, surtout en l’absence d’une aide gouvernementale significative.

Une visite récente menée par Ndimba Radio et guinee7.com a permis de constater que les traces du drame persistent dans les foyers des sinistrés. Des familles entières vivent sous des toits troués, sans garantie de sécurité ni de confort.

Les gens tirent le diable par la queue

Mamoudou Cifo Kétouré, président du Comité des sinistrés de Coronthie/Kaloum, nous a servi de guide sur les lieux. Après avoir salué quelques actions menées par l’Etat, il a fait cas des problèmes que les habitants rencontrent au quotidien. « Nous sommes dans ce malheur il y a de cela trois mois. Les gens tirent le diable par la queue ; nous vivons dans des conditions précaires. C’est vrai qu’il y a eu de l’action de l’Etat que nous saluons, mais le problème le plus important qui reste à résoudre c’est celui des maisons. Voyez-vous, ces gens-là sont en train de refaire leurs maisons à leurs frais. Mais qu’est-ce qu’ils appellent rénovation ? C’est poser une brique sur les anciennes qui ont subi un coup. Nous ne pouvons pas évaluer la garantie et la résistance de ces maisons après ces rénovations faites par des gens qui n’ont pas consulté d’ingénieurs ou mené d’études préalables. Donc, l’inquiétude que nous avons, c’est de savoir jusqu’à quand ces maisons-là tiendront ? Est-ce que ces modifications là quand les gens commenceront à y passer la nuit, ne vont pas faire des dégâts », s’est-il interrogé.

Des concessions qui font partie des plus touchées,  n’ont pas reçu encore des denrées

Avant de continuer sur les questions de l’aide destinée aux sinistrés. « Au niveau des denrées, il y a des gens qui ont reçu dans un premier temps, la seconde phase qui est en cours, visait les gens qui n’avaient pas reçu. Fort malheureusement, il y a des concessions qui font partie des plus touchées, qui n’ont pas reçu encore. Ces concessionnaires ont effectué le déplacement, mais on leur a dit qu’ils n’ont pas leurs noms. Donc, il est question de savoir qui a mené ce recensement et si ces gens-là ne figurent pas sur la liste, poser les grandes questions de savoir pourquoi les gens les ont enregistrés et pris à leur dépens leurs droits ou est-ce qu’ils n’ont pas été enregistrés’’, a-t-il nuancé.

Nous demandons à l’Etat de jouer sont son rôle

D’autres difficultés : « figurez-vous que certaines victimes dorment encore dans la rue, nous respirons de la poussière nuit été jour et, surtout, certains qui ont quitté ici pour aller en banlieue, peinent à joindre les deux bouts. Au-delà de tout cela, il y a beaucoup de malades ici. Nous nous attendons à ce que l’Etat trouve des solutions aux problèmes de Coronthie. Notre souci, ce n’est pas la violence, c’est plutôt d’avoir une oreille attentive de l’Etat. Notre grande inquiétude, c’est de continuer à attendre sans rien. Nous demandons à l’Etat de jouer sont son rôle. »

Je suis un réfugié…

Fatigué d’attendre le soutien de l’Etat, le Commandant à la retraite, Mohamed Konaté n’a d’autres choix que de lancer la reconstruction de son bâtiment à ses propres frais. « Depuis le jour de l’incendie, j’ai changé de domicile parce qu’il n’y avait même pas où se coucher. Tout avait été endommagé, il a fallu qu’on gâte la porte pour me sortir de mon salon. Avec l’aide de mes enfants, on est en train de tout reprendre. Il fallait qu’on s’y mette. Jusqu’à date, je suis un réfugié. Je demande à l’Etat de nous venir en aide, il y a eu assez de sinistrés. Même manger actuellement, c’est difficile pour nous », a-t-il fait savoir avant d’ajouter que depuis l’explosion, « l’aide en denrée de première nécessité n’est arrivée qu’une seule fois »

Je peux accoucher aujourd’hui ou demain

En état de famille, Fatoumata Soumah, craint l’arrivée de l’hivernage :  » Je suis une femme enceinte. Depuis l’explosion, ma famille et moi avons été abandonnées par l’Etat. Nous dormons dans cette maison délabrée. Nous demandons à l’Etat pourquoi il nous a abandonnés ? Personnellement, je peux accoucher aujourd’hui ou demain, je ne sais où je vais dormir avec mon enfant après l’accouchement. Et bientôt la saison pluvieuse, comment nous ferons pour dormir ? »

Pour attirer l’attention des autorités, cette femme n’écarte pas de recourir à la rue. « Si l’Etat ne nous vient pas en aide, même pendant ce mois de Ramadan, on a décidé de sortir dans la rue pour manifester notre ras-le-bol », a-t-elle menacé sur un ton désespéré.

Mon souci aujourd’hui, n’est pas quoi manger

Nous avons rencontré N’Faly Soumah, porteur de handicap, devant sa chambre qui est actuellement en ruine. Lui aussi attend le soutien de l’Etat :  » si on a distribué des vivres aux gens, je n’ai rien gagné moi. Mais mon souci aujourd’hui, n’est pas quoi manger ? C’est plutôt comment reconstruire ma chambre qui est complètement délabrée. C’est Coronthie que je connais, c’est ici je suis né et j’ai grandi. Je demande aux autorités de nous venir en aide, nous n’avons rien. Si l’Etat ne nous vient pas en aide, nous ne savons ce que nous allons devenir pendant la saison pluvieuse qui approche à grand pas. Je dormais avec mes neveux et actuellement ces derniers dorment dehors ; quelques fois je viens pour dormir avec eux dehors. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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