C’est désormais chose faite. Les victimes du massacre du 28 septembre ont enfin reçu leur indemnisation, au terme d’un procès marathon qui aura duré près de deux ans. Un montant global de 119 milliards de francs guinéens leur a été alloué.
Une somme jugée insuffisante par les bénéficiaires, comme l’exprime Ami Diop, présidente de l’Association des femmes et filles violées du 28 septembre, que nous avons rencontrée à Conakry.
Malgré tout, notre interlocutrice se réjouit de ce geste de l’État. Elle, qui continue de subir les séquelles physiques et psychologiques de ces événements tragiques, espère pouvoir enfin accéder à des soins :
« Ce que j’ai à dire, c’est que nous sommes très contentes. Le président Mamadi Doumbouya avait promis, à travers un décret, d’indemniser les victimes. Il l’a dit, il l’a fait. Chaque victime a reçu un chèque. La réparation est individuelle. Nous remercions beaucoup le président Mamadi Doumbouya, le ministère de la Justice et nos avocats. Toutes les femmes de mon association ont reçu leur chèque. J’ai même été la première à recevoir le mien. L’association de Mme Asmaou (AVIPA) aussi a été indemnisée, a-t-elle confié.
Toutefois, elle nuance : « Ce n’est pas beaucoup, c’est peu pour nous. » Nous avions demandé deux milliards par personne, mais on nous a donné une somme inférieure. Chaque personne, y compris les familles des disparus, a reçu un chèque. »
Preuve d’une volonté de réconciliation, Ami Diop appelle même à la clémence envers les accusés : « Nous ne pouvons que remercier le président et plaider pour les accusés. Il faudrait les libérer, comme il l’a fait pour Moussa Dadis. Les autres sont poursuivis pour les mêmes faits que lui. S’il est libre aujourd’hui, qu’ils soient aussi libérés. Nous avons reçu notre indemnisation, maintenant nous pouvons nous soigner », a-t-elle ajouté.
Mais cette indemnisation n’est pas sans conséquences. Depuis la distribution des chèques, certaines femmes sont confrontées à de nouvelles menaces : harcèlement, appels suspects. « Une femme de mon association est venue de France. Je l’ai appelée et elle est venue. Mais on nous appelle de partout. Avec une telle somme, nous avons peur pour notre sécurité. Même sur place, j’ai posé la question. En partant, je n’ai rien dit à personne. Une amie m’a même appelée pour me dire qu’elle avait reçu trois appels de personnes se faisant passer pour des avocats », témoigne-t-elle, inquiète.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com