À la Banque centrale de Guinée, les remous ne se limitent plus aux polémiques entourant la gestion des réserves d’or, à l’émission de nouveaux billets ou à la supposée crise de liquidité. Une affaire en apparence anodine cristallise aujourd’hui les tensions entre la direction et une partie du personnel : la création d’un groupe WhatsApp institutionnel par le gouverneur Karamo Kaba.
L’initiative, lancée en pleine période de tension sociale, visait, selon la direction, à améliorer la communication interne. Toutefois, elle a suscité de vives réticences au sein des travailleurs. Certains employés ont refusé l’intégration de leurs numéros, d’autres ont quitté le groupe, tandis qu’une frange menace de saisir la justice, évoquant une violation de la législation sur la protection des données personnelles.
Interrogée, une source proche du gouverneur défend l’intention initiale : ‘‘Cette plateforme est réclamée de longue date. Elle vise à renforcer notre communication, en aucun cas à nuire à quiconque, encore moins aux représentants syndicaux.’’ La même source rappelle que des efforts importants sont entrepris en faveur du personnel : revalorisation salariale, formations, aides au logement et évacuations sanitaires.
Des justifications que rejette catégoriquement une source syndicale : ‘‘Nous disposons déjà de plusieurs canaux d’information -notes de service, circulaires, et le syndicat informe régulièrement les travailleurs. Il s’agit clairement de créer un espace de communication parallèle au syndicat pour affaiblir son action.’’
La direction, pour sa part, assure que les agents non volontaires n’ont pas été intégrés à la plateforme et qu’aucune obligation ne leur est faite d’y rester. ‘‘Ceux qui souhaitent porter plainte en ont parfaitement le droit’’, concède la même source.
Cet épisode révèle un climat de méfiance persistant entre les représentants du personnel et les instances dirigeantes de l’institution. Un malaise symptomatique d’une fracture plus profonde, au sein même d’une institution censée incarner la stabilité. On ne cessera jamais de le répéter.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com