Les services spéciaux de lutte contre le crime organisé ont frappé un grand coup dans la lutte contre le trafic de drogue en Guinée. Une saisie historique de drogue Kush a été opérée dans le quartier Boulbinet, au cœur de la capitale, grâce à une série d’opérations menées sur tout le territoire national.
Le commissaire principal de police Foromo Soropogui s’est exprimé à ce sujet au nom du colonel Mohamed Lamine Simakan, secrétaire général à la présidence, chargé des services spéciaux et de la lutte contre le crime organisé.
Selon le commissaire Soropogui, ces opérations ont abouti à l’interpellation de 17 personnes, dont 8 femmes, et à la saisie de 773 kg de cannabis ainsi que de 16,053 kg de drogue Kush, une quantité sans précédent dans l’histoire de la lutte antidrogue en Guinée. « Vous êtes aujourd’hui devant le résultat d’une série d’opérations qui a abouti à l’interpellation de 17 personnes, dont 8 femmes. Sur les personnes interpellées ont été saisis 773 kg de chanvre indien. Et maintenant, la matière la plus précieuse aujourd’hui que nous voulons faire sortir hors du territoire guinéen, c’est la sale drogue qu’on appelle drogue Kush. Première du genre, saisie record, jamais vu depuis que nous avons commencé cette lutte en Guinée. Les services spéciaux sont parvenus à saisir une quantité de Kush dont le poids s’évalue à 16,53 kg. Même les saisies annuelles de tous les services de répression en Guinée n’ont jamais dépassé ce poids obtenu en l’espace de quelques jours », a-t-il indiqué.
La dangerosité de cette drogue et son impact sur la jeunesse guinéenne ont été soulignés avec fermeté par le responsable de la communication des services spéciaux. Il a détaillé les effets ravageurs du Kush, tant sur la santé publique que sur le plan social et criminel. « Ce qui signifie que l’autorité est ferme là-dessus et les opérationnels ont obéi et continueront à obéir jusqu’à ce que la Guinée soit débarrassée de cette toxine. Donc les 16 053 kg de Kush constituent un nombre total de doses évaluées à 80 255. Ce qui signifie que cette quantité saisie était destinée à la consommation de 80 265 personnes. Imaginez-vous pour quelle valeur numéraire 401 322 000 francs guinéens. Voyez-vous combien de fois cette drogue sale, ce poison coûte moins cher. Cette dose est vendue à 5000 francs. Alors il suffit d’utiliser 5000 francs pour tomber vraiment dans un état désastreux, dans un état de crise d’overdose. »
Le commissaire a également mis en lumière la composition particulièrement toxique du Kush, qui en fait une drogue encore plus dangereuse que les stupéfiants traditionnels.
Cette saisie a eu lieu dans des domiciles situés à Boulbinet, où des personnes de diverses tranches d’âge, y compris des quinquagénaires et quadragénaires, étaient impliquées. L’enquête a révélé que la majorité de la drogue provenait de la Sierra Leone, et que certains des interpellés sont de nationalité léonaise : « Le Kush que vous voyez a été saisi à Boulbinet, ici. Dans la maison des particuliers, habitée par des quinquagénaires, des personnes âgées de 50 ans qui sont impliquées, des quadragénaires, 40 ans et quelques, qui sont impliqués, et des jeunes. À l’issue de nos investigations, à 80 %, ces drogues proviennent de la Sierra Leone. Les importateurs, c’est des Léonais. Ça se prouve à 100 %. Les personnes sur lesquelles ces stocks sont saisis, parmi elles, bien sûr, figurent des nationalités léonaises. »
Face à la recrudescence des cas d’intoxication et de décès liés au Kush, les autorités tirent la sonnette d’alarme. Une hypothèse avancée est celle d’une nouvelle formule, plus concentrée, de cette drogue sur le marché. « Si on fait une étude épidémiologique, la prévalence, la fréquence, et alors à cela s’ajoutent les données criminalistiques et criminologiques, ce qui veut dire qu’il y a de nouveaux facteurs qui ont occasionné la survenue de nombreux cas de décès. Soit c’est une importation massive ces derniers temps, ou les drogues Kush qui sont présentes devant nous ici ont connu une autre qualité sur le plan de concentration. […] Elle est composée de beaucoup d’autres substances chimiques nocives à la santé. Le formol, qui est une substance utilisée pour fixer les cellules, donc avec laquelle on conditionne un cadavre. Ils utilisent de l’acétone. Et l’acétone, vous connaissez, c’est une substance toxique. Le Tramadol, qui est également une substance qu’on n’absorbe pas parce qu’on veut. »
Les personnes arrêtées ont reconnu les faits, rendant les preuves irréfutables, selon les services spéciaux : « les intéressés ont été interpellés. Ils ont reconnu les faits. Je crois que l’opération a été menée de telle sorte que personne ne pouvait nier. Si tu es pris dans ta propre chambre, et dans cette chambre, on découvre de la drogue, tu mettras ça à la charge de qui ? »
Enfin, le commissaire Soropogui a insisté sur la nécessité d’adapter les méthodes de surveillance, face à l’évolution constante des stratégies des trafiquants. « À travers ces saisies importantes, on est déjà interpellés de renforcer notre système de surveillance, notre système de répression au niveau de tous les points d’entrée. Le criminel est aussi intelligent. De la manière que nous les étudions, ils nous étudient aussi de la même manière. Ils étudient nos plans et ils changent aussi des tactiques. Et dès lors que nous constatons ça, nous aussi, on adapte notre tactique au changement opéré à leur niveau », a-t-il certifié.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com