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JOJ Dakar 2026 et enjeux pour la presse sportive : entretien avec le président de l’AIPS Afrique

À un peu plus d’un an des Jeux olympiques de la jeunesse, prévus (du 31 octobre au 14 novembre 2026) pour la première fois en Afrique, à Dakar au Sénégal, le président de l’AIPS Afrique, Abdoulaye Thiam, met en lumière les opportunités qu’offre cet événement pour le journalisme sportif du continent. Dans cet entretien exclusif, Abdoulaye Thiam évoque avec nous les activités prévues en amont de ces jeux, notamment les aspects formations, la couverture médiatique et surtout l’héritage des JOJ pour la profession.

Bonjour Abdoulaye Thiam, Dakar 2026, c’est une première en Afrique en tant que président de l’AIPS. Que représente cet événement pour le journalisme sportif du continent ?

Bonjour, Mais écoutez, un très grand honneur. J’ai eu la chance d’être présent avec l’ancien président du Sénégal, Macky Sall, le 8 octobre 2018 à Buenos Aires quand le comité exécutif du CIO avait attribué l’organisation des Jeux olympiques à mon pays, au Sénégal. Ce que je retiens le plus, encore une fois, c’est que c’est l’Afrique qui accueille et c’est Dakar qui célèbre. C’est une très belle devise qui montre tout simplement que le Sénégal n’a pas battu le Botswana, la Tunisie, le Nigeria qui étaient les autres concurrents.

Aujourd’hui, pour la première fois, après Singapour, après Nanjing en Chine, après Buenos Aires en Argentine, les Jeux olympiques de la jeunesse viennent en Afrique et confirment le cinquième anneau en attendant l’organisation des Jeux olympiques d’été. Donc c’est un test extrêmement important, c’est un tremplin sur lequel l’Afrique, toute entière, devrait s’unir autour de Dakar pour qu’on puisse démontrer à la face du monde que nous avons été capables d’organiser la Coupe du monde de football en 2010 grâce à Nelson Mandela. Nous avons été capables d’organiser la Coupe du monde de rugby grâce à Nelson Mandela. Mais l’Afrique a une dynamique aussi d’organiser des Jeux olympiques d’été.

Quelles attentes avez-vous vis-à-vis de l’héritage que pourraient laisser ces Jeux olympiques de la jeunesse pour la presse sportive africaine ?

Écoutez, d’abord, ce qui est le plus important pour les journalistes, c’est le développement du sport.

Aujourd’hui, si vous regardez très bien sur le plan des athlètes, beaucoup de jeunes vont être formés parce que les Jeux olympiques des jeunes, il faut quand même les distinguer avec les Jeux olympiques d’été. C’est une tranche d’âge entre 15 et 18 ans, ça c’est un. Deuxièmement, vous êtes à Dakar, vous avez vu qu’il y a beaucoup de chantiers qui sortent de la terre. Ce qui veut dire qu’il y a un héritage sur le plan des infrastructures. La première ressource pour le développement du sport, ce sont les infrastructures. Faire en sorte que Dakar, le Sénégal, puisse être le hub du sport de l’Afrique de l’Ouest, ça c’est un premier aspect.

Et le deuxième, c’est sur le plan de la formation, moi c’est ça qui m’intéresse. La formation de jeunes journalistes, qui sont aujourd’hui dans ce métier-là. Donc là, nous mettons le curseur particulièrement là-dessus. Nous allons davantage sensibiliser les autorités étatiques du Sénégal, les autorités sportives. C’est pourquoi nous travaillons en parfaite intelligence avec le comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse. Pour que, pas seulement les Sénégalais, mais l’ensemble des Africains puissent trouver leur compte lors de ces Jeux olympiques Dakar 2026.

Pensez-vous que Dakar 2026 peut faire émerger une nouvelle génération de journalistes sportifs africains ?

Je crois qu’aujourd’hui, il y a une nouvelle génération de journalistes sportifs qui est là. Il y a un changement de mentalité à tous points de vue. Que ce soit en Guinée, que ce soit au Sénégal, que ce soit en Côte d’Ivoire. Nous sortons de la plus belle CAN jamais organisée sur le continent. Tout le monde l’a vu, l’organisation, l’union des journalistes de la presse ivoirienne, dirigée par Madame Cathy Touré, qui est aussi présidente de la commission féminine de l’AIPS Afrique. Ils n’ont ménagé aucun effort pour que les journalistes puissent être dans d’excellentes conditions de performance.

Nous sortons du congrès de l’AIPS au Maroc, où les Marocains ont étalé tout leur savoir-faire. Aujourd’hui, vous êtes au Sénégal, l’ANPS, l’association nationale que je dirige aussi, est en avant. C’est elle qui a initié le « Mediatour » pour que les Africains puissent venir s’approprier ce qui va s’organiser. Donc sur ce plan-là, nous ne ménagerons aucun effort pour que l’Afrique tout entière, les jeunes journalistes africains, qui ont décidé de prendre ce métier-là, qui est un métier noble, puissent trouver effectivement leur compte.

Quelle initiative spécifique l’Association internationale de la presse sportive zone africaine met-elle en place pour aider les journalistes africains à couvrir efficacement Dakar 2026 ?

La formation, toujours la formation et encore la formation. Il ne faut jamais se tromper. Quand vous voulez être un journaliste, un journaliste, c’est comme donner un fusil à quelqu’un. Donc si vous ne savez pas ce que signifie l’éthique, la déontologie, la liberté, elle est importante. Mais la liberté, quand il n’y a pas de responsabilité, c’est une balle perdue. Elle peut tomber sur n’importe qui. Donc c’est important.
Deuxième chose, on avait eu tous peur quand il y a eu l’avènement de l’Internet. Aujourd’hui, on parle des fake news. On parle de l’IA. C’est un outil qui est mis entre les mains des journalistes. C’est extrêmement important pour que tout le monde puisse l’utiliser à bon escient.

L’autre aspect aussi, le CIO, c’est le maître d’œuvre des Jeux olympiques. C’est le CIO qui organise. Donc il y aura des quotas par pays. Nous, ce que nous essayons de faire au niveau du Sénégal, c’est de dire qu’on a fait du benchmarking.

On a été à Paris, on a vu comment est-ce que les Français ont organisé. En dehors des accréditations qui ont été données par Paris, par les Jeux olympiques, par le CIO, la ville de Paris, la maire de Paris Anne Hidalgo a mis en place une autre équipe qui a permis à d’autres journalistes qui n’ont pas pu s’accréditer pour le compte du CIO, parce que tout le monde ne peut pas être là, de faire des accréditations parallèles pour que d’autres journalistes puissent encore montrer le savoir-faire français, le savoir-être français. Là aussi, au Sénégal, c’est ça que nous voulons faire.

Le Sénégal, c’est le pays de la Teranga. Qui dit Teranga, en français, ça signifie l’hospitalité. Donc, il faut qu’on montre à la face du monde qu’il n’y a pas seulement que les Jeux, ce n’est pas seulement les sports, mais il y a aussi un autre aspect, c’est la culture, c’est le savoir-être, c’est l’hospitalité, c’est l’humanité sénégalaise. Donc, on fera en sorte que les journalistes puissent être véritablement bien représentés dans l’organisation, en amont, pendant et après les Jeux olympiques de la jeunesse.

Enfin, avez-vous prévu des formations ou ateliers pour renforcer les capacités des jeunes reporters en amont de ces Jeux ?

Nous avons déjà commencé ça au niveau de l’Association nationale de la presse sportive. Comme je l’ai dit, nous travaillons en parfaite exigence avec nos comités d’organisation. Tous les trois mois, nous faisons une session de formation. Et tous les six mois, on se réunit ensemble pour faire une évaluation et dégager les perspectives. Moi, en tant que président de l’AIPS Afrique, je me suis dit que ça ne peut pas se limiter seulement au Sénégal. C’est pourquoi cette fois-ci, nous avons pris une cohorte de quelques journalistes, des Guinéens, des Algériens, des Nigériens, des Ivoiriens, des Maliens… qui sont venus. On voulait aussi que des Kenyans et autres puissent participer. Mais vous savez très bien ce que la France est capable de faire. Le Sénégal, sur le plan des moyens, nous n’avons pas ces moyens-là. Mais nous ferons en sorte que ça puisse se reproduire. Tous les Africains puissent voir leur intérêt dans les Jeux olympiques de la jeunesse.

Je vous remercie.

Grand merci à la Guinée à travers votre média Guinée7

Thierno Abdoul Barry pour guinee7.com