À l’approche de la troisième saison de la Ligue guinéenne des académies de football, son président, Daman Touré, revient sur le parcours de cette compétition devenue incontournable. Entre manque d’infrastructures, absence de soutien financier et fierté d’avoir déjà placé plusieurs jeunes à l’étranger, il évoque les réalités et les ambitions d’un projet porté par passion et détermination.
Bonjour président, Qu’est-ce que l’AGPAF et quel est son lien avec la Ligue ?
Bonjour Abdoul, L’AGIPAF, c’est l’Association guinéenne pour la promotion des académies de football. C’est cette structure qui a mis en place la Liga, autrement dit la Ligue guinéenne des académies. Nous avons regroupé les académies à travers une association, puis créé une ligue pour les jeunes académiciens.
Vous préparez actuellement la troisième édition de la Liga. Comment se déroulent les préparatifs ?
Les préparatifs avancent très bien. Nous avons acquis de l’expérience avec les deux premières éditions, qui ont été de véritables apprentissages. Cette année encore, nous comptons aligner 14 académies, à condition d’avoir les infrastructures nécessaires. Il ne reste qu’à publier la date officielle du lancement.
Justement, une date est-elle déjà retenue ?
Pas encore officiellement. Une date provisoire a été fixée au 30 octobre, mais cela reste à confirmer. Le seul terrain que nous utilisons, celui de Coléah, est actuellement dans un état de dégradation très avancé, ce qui représente un risque pour la santé des jeunes. Nous voulons promouvoir le football de formation, pas provoquer des blessures. Nous discutons avec les gestionnaires du stade et invitons la Fédération guinéenne de football à nous accompagner dans la recherche de solutions.
En dehors du problème d’infrastructure, quels autres défis rencontrez-vous ?
Le principal problème reste le manque d’accompagnement financier. Depuis la première édition, nous fonctionnons sur fonds propres : location du stade, paiement des arbitres, organisation complète… tout est pris en charge par nos propres moyens.
Nous n’avons pas encore bénéficié du soutien de la fédération ni de partenaires institutionnels ou privés. Malgré les nombreuses sollicitations adressées aux entreprises, les réponses tardent à venir. Cela montre que le football de base est encore très peu soutenu en Guinée.
Malgré ces difficultés, vous en êtes à l’acte 3. Quelles sont les nouveautés attendues cette année ?
Cette saison, nous mettons l’accent sur la qualité du jeu et la rigueur dans la sélection. Tous les matchs seront diffusés en direct, donc nous avons voulu réunir les meilleures académies pour offrir du beau spectacle.
Nous avons été plus sélectifs, en appliquant des critères stricts. Certaines académies n’ont pas été retenues cette année, non pas par manque de talent, mais parce qu’elles ne remplissaient pas encore ces critères. Elles pourront nous rejoindre à l’avenir.
Quelles sont les retombées positives des deux premières éditions ?
Elles sont nombreuses. Nous avons réussi à placer cinq à six joueurs à l’étranger, ce qui est une véritable fierté pour l’AGPAF et la Liga. D’autres jeunes devraient également partir en décembre, une fois qu’ils auront atteint l’âge requis par la FIFA (18 ans). C’est une belle récompense pour nos efforts.
Et vos relations avec les clubs professionnels ?
Elles sont très bonnes. Plusieurs clubs de Ligue 1 collaborent avec nous. Par exemple, Sabou Fac a transféré sept de ses joueurs vers Soar Académie pour qu’ils y poursuivent leur formation. Certaines académies participent aussi aux championnats nationaux, ce qui renforce le lien entre les structures de formation et les clubs professionnels. À l’international également, nous entretenons d’excellentes relations avec des agents et recruteurs.
Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser à l’orée de cette nouvelle saison ?
Je tiens à remercier tous ceux qui nous soutiennent moralement et matériellement. Même si nous n’avons pas encore de véritable accompagnement institutionnel, nous avons des personnes de bonne volonté qui nous encouragent.
J’en profite pour lancer un appel au ministère des Sports, à la Fédération guinéenne de football et à d’autres partenaires potentiels à venir nous épauler dans cette noble mission : promouvoir la formation et protéger la jeunesse à travers le football.
Thierno Abdoul Barry pour Guinée7.com