L’usine de Rusal Friguia tourne au ralenti ce lundi, dans un climat social électrique. Les activités sont fortement perturbées suite à une grève. La tension a grimpé d’un cran lorsque les forces de l’ordre se sont introduites dans l’enceinte du site industriel. Les représentants syndicaux accusent ces dernières de vouloir empêcher les travailleurs d’exercer leur droit de grève, garanti par la législation.
Le conflit trouve ses racines dans une vieille plaie sociale : la situation contractuelle de plusieurs centaines de travailleurs initialement liés à Rusal Friguia, mais dont les contrats sont suspendus depuis des années, au profit d’une mise à disposition au sous-traitant SEINTA. Une pratique que le syndicat considère comme un contournement des obligations sociales.
Le 6 août dernier, l’Inspection Générale du Travail a adressé deux courriers officiels aux directions de Rusal Friguia et de SEINTA. Dans la première mise en demeure, adressée à Rusal Friguia, l’Inspecteur Général exige la régularisation ‘‘avant la paie du mois d’août’’ : soit la réintégration des travailleurs avec tous leurs droits, soit la rupture formelle des contrats avec indemnités et préavis. Faute d’exécution, la rémunération prévue par la convention collective des mines et carrières de la maison mère devra s’appliquer automatiquement.
Dans le second courrier, adressé à SEINTA, l’inspecteur pointe des anomalies troublantes : tenues et cachets au logo de Rusal Friguia, absence de siège social distinct, confusion dans l’organisation et flou juridique sur la personnalité morale de l’entreprise. SEINTA dispose jusqu’au 5 septembre pour fournir les documents de conformité et régulariser les contrats et affiliations sociales.
Autre motif de colère : le syndicat affirme n’avoir eu connaissance de ces deux courriers que samedi dernier, après leur transmission tardive par les autorités. Pour les représentants des travailleurs, cette rétention d’information a affaibli leur position et retardé les discussions, alimentant encore plus la méfiance.
Sur le terrain, les grévistes maintiennent la pression. ‘‘Nous n’accepterons aucun retour à la normale sans engagement écrit et contraignant sur la régularisation de nos droits’’, martèle un délégué syndical. L’intervention des forces de l’ordre, perçue comme une intimidation, n’a fait qu’envenimer la situation.
Pour l’heure, les directions de Rusal Friguia et de SEINTA n’ont pas réagi publiquement. Mais à Fria, l’idée circule que si aucun accord n’est trouvé rapidement, la grève pourrait passer d’une perturbation partielle à un blocage total, avec des conséquences économiques majeures pour le complexe industriel.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com