Censure

Stade du 28 septembre : le Centre médico-sportif refuse un départ sans alternative (entretien)

Sommé de quitter le stade du 28 septembre avec toutes les autres structures qui y sont logées, le Centre médico-sportif se retrouve dans l’incertitude.

Son directeur général, Dr Mermoz Manimou, revient dans cet entretien sur sa surprise face à la décision du ministère des Sports, qu’il juge entachée de vices de procédure, et alerte sur les conséquences pour le développement du sport et la prise en charge médicale des athlètes en Guinée.

Vous et tous les autres occupants du stade du 28 septembre êtes sommés de quitter les lieux incessamment. Comment réagit le Centre médico-sportif ?

C’est un sentiment de déception. Nous sommes une structure étatique créée par décret du Président de la République. Donc, lorsqu’une telle décision tombe, c’est une véritable surprise. D’autant plus que le courrier qui nous a été adressé n’a pas respecté la procédure normale. Quand on parle du cabinet, il y a le chef de cabinet, il y a le secrétaire général.

Donc, selon vous, ces responsables n’ont pas été consultés ?

J’ai l’impression que non. Ce courrier aurait dû être paraphé par ces différentes entités. Mais c’est directement notre ministre qui nous l’a envoyé. Nous avons accusé réception, mais nous ne sommes pas d’accord, car il y a vice de procédure. Et puis, il faut rappeler que nous ne sommes pas en location. Lorsqu’on doit déplacer une structure étatique, il faut d’abord trouver un point de chute, un nouveau site où nous pourrions poursuivre nos activités, compte tenu de l’importance de la médecine du sport.

À travers cette décision, pensez-vous que le département des Sports mesure la portée de la médecine du sport ?

Vous savez, la médecine du sport, c’est la science de l’homme sain en mouvement. On ne peut donc pas parler du développement du sport sans parler de la médecine du sport.

Mais cette décision ne concerne pas que votre structure ?

Oui, le ministre parle aussi du Palais des sports. Or, le seul Palais des sports que nous avons, c’est celui-ci, qui abrite toutes les disciplines : basket, judo, karaté, etc. Vouloir fermer cet espace, c’est vouloir tuer le sport en Guinée. Pour l’instant, les services et bureaux concernés, c’est le stade. Qu’ils terminent d’abord avec le stade, mais qu’ils nous trouvent un point de chute. Car ici, il y a des équipements sophistiqués. Leur installation nécessite le déplacement d’ingénieurs étrangers, ce qui coûte de l’argent. Et même pour démonter ces appareils, il faut encore faire venir des ingénieurs.

Quels types d’équipements sont concernés ?

Ici, nous avons par exemple la radio et le scanner, qui rendent d’énormes services. Presque toute la population, les malades des CHU et des centres médicaux communaux, transitent par chez nous pour faire leurs bilans et examens. En plus de cela, les travailleurs de Guicopress qui sont dans le chantier ici, viennent ici quand ils tombent malades. Alors, demander de déguerpir dans ces conditions est pour nous une grande déception.

Que comptez-vous faire ?

Notre première disposition est de demander au ministre de nous trouver un point de chute. C’est la condition. Si un nouveau site nous est proposé, nous n’avons pas de problème. Mais encore une fois, nous ne sommes pas en location. Et même si c’était le cas, il y a des règles : il faut un délai, un moratoire.

Avez-vous un appel à lancer ?

Présentement, il y a le championnat de boxe et de basket qui se déroule tous les jours ici. Pas plus qu’hier, une basketteuse est tombée et saignait du nez. Vous comprenez donc que si on déplace ce centre ailleurs, cela posera de sérieux problèmes.

Entretien réalisé par Thierno Abdoul Barry pour Guinee7.com