La Haute Autorité de la communication (HAC) a échangé ce mercredi avec la presse, dans le but de clarifier les règles de couverture de la campagne référendaire. Le président de l’institution, Boubacar Yacine Diallo, entouré de ses commissaires, a expliqué la démarche et répondu aux préoccupations des hommes de médias.
« C’est la première fois que nous faisons ça. D’habitude, nous prenons la décision et on l’envoie aux responsables pour exécution. On a pensé que ce n’était pas la bonne méthode et qu’il fallait tenir compte de vos préoccupations et difficultés pour prendre des décisions qui permettent une campagne assidue, équilibrée… », a-t-il déclaré.
Rappelant le caractère inédit de l’exercice, il a ajouté : « Nous avons l’habitude de couvrir les campagnes présidentielles, législatives et locales. Mais rarement, nous avons couvert des référendums. Il faut que nous servions d’exemple dans le domaine de la couverture d’un référendum. Nous avons dans les pays voisins et jusqu’en France pour aller rechercher les modèles qui ont le plus fonctionné, il n’y a presque pas de modèle récent… »
Le président de la H AC a reconnu la complexité de l’identification des acteurs :
« Ça parait simple. Parce qu’on dit c’est oui ou non. Mais les acteurs ne sont pas clairement identifiés. (…) On nous a appris qu’il y a 126 partis politiques valides aujourd’hui. Mais nous, nous ne les connaissons pas. (…) Ceux qui nous ont vu ce matin ont exprimé le désir d’être couverts par les médias publics et privés. Donc, c’est une grosse difficulté. (…) Pour les médias de service public, ça sera facile parce que nous allons transmettre une liste de ceux que nous avons reçus, qui sont dans la légalité (…). Ça sera plus compliqué pour les médias privés à mon avis. Parce que n’importe qui peut venir se réclamer une tendance. »
Plus tôt dans la journée, la H HAC avait rencontré les acteurs sociopolitiques. « Nous avons attiré leur attention sur le fait que le référendum ne fait référence qu’aux tendances d’opinions », a rapporté Boubacar Yacine.
Il a ensuite précisé les dispositifs pour la presse : « Pour les médias de service public, ce n’est pas nouveau. Il y aura une émission de campagne qui pourra intégrer toutes les tendances sous le contrôle de la Haute Autorité de la communication. Pour le journal Horoya, il y aura des espaces qui seront dégagés. Pour l’Agence guinéenne de presse, il en va de même. (…) En ce qui concerne la presse privée, elle restera ouverte. Mais, il y aura des interdits qui figureront dans la décision. Déjà, la première condition est qu’il faut offrir un accès équitable entre les tendances. »
Il a également mis en garde les journalistes :
« Il faut faire attention. (…) Votre journal de campagne et le reste des programmes, il faut que la ligne soit claire. (…) Pour ceux qui font des émissions interactives, nous mettrons dans la décision que les sujets qui traitent la campagne ne peuvent pas être traités dans les émissions interactives. (…) Si vous le faites, vous aurez affaire au procureur de la HAC. »
Concernant les jours de vote, il a rappelé : « Même si ce sont des éléments enregistrés, il n’y a pas de campagne vendredi et samedi, le 19 et le 20. La campagne s’arrête le 18 à minuit. (…) Le jour du scrutin, vous pouvez faire des lives (…). Mais ce qui vous est interdit, c’est de venir dans le bureau de vote où la totalisation se fait et de la retransmettre en direct. (…) Vous ne devez diffuser que les résultats provisoires du ministère de l’Administration du territoire et les résultats définitifs de la Cour suprême. »
Sur les sanctions, il a été ferme : « Si vous diffusez des interdits, il n’y aura pas mise en demeure. Il y aura des sanctions. Pendant la campagne, on ne tolèrera pas. (…) Faites votre travail en toute indépendance et l’équilibre de l’information, c’est un devoir pour vous. »
Il a par ailleurs précisé : « Il s’agit d’un référendum : donc, il y a deux tendances. (…) La parole n’est pas donnée à ceux qui vont appeler à l’abstention. Parce que ce sera de la manipulation de l’opinion. (…) Si les gens appellent aussi dans vos médias à ne pas aller voter, soyez aussi prudents. (…) Faites de la régulation à notre place. »
En conclusion, Boubacar Yacine a fixé l’attente de la HAC : « Nous voulons que la couverture soit équitable et qu’elle permette une campagne paisible. Parce que si vous laissez des propos susceptibles de troubler l’ordre public ou de porter atteinte aux institutions, cela est interdit et ça sera dans la décision. »
Enfin, il a annoncé : « Nous prendrons deux décisions : une pour règlementer l’accès et la couverture au niveau des médias du service public et une pour règlementer la couverture pour les médias privés. »
Abdoul Lory Sylla, pour Guinée7.com