Avocat et militant de la société civile, Me Thierno Souleymane Baldé ambitionne de porter la voix du peuple lors de la présidentielle du 28 décembre prochain. Dans cet entretien accordé à Guinee7.com, il dénonce la caution jugée “exorbitante” de 900 millions de francs guinéens et fustige les obstacles rencontrés dans la collecte des parrainages. Lisez !
Guinee7.com : la Direction générale des élections a fixé la caution pour l’élection présidentielle du 28 décembre 2025 à 900 millions de francs guinéens, somme que chaque candidat doit verser au Trésor public. Selon vous, ce montant est-il raisonnable ?
Thierno Souleymane Baldé : la caution qui a été fixée à 900 millions pour aller aux élections présidentielles est assez exorbitante. Nous, on s’attendait à ce que ce conflit coûte un montant raisonnable entre 400 et 500 millions, puisqu’on sait exactement le revenu moyen d’un citoyen guinéen. Et ces cautions sont juste pour garantir la régularité des élections, mais pas un obstacle à l’exercice des droits fondamentaux de nos concitoyens.
Il y a un certain nombre de candidats qui peuvent aller travailler au niveau du gouvernement, ou bien dans la fonction publique, s’enrichir au détriment du peuple, et revenir acheter la conscience de nos concitoyens, pour retourner encore au pouvoir, en fin de pouvoir, pour les avantages. Nous ne sommes pas ce genre de candidats. Nous sommes un candidat du peuple. Et on aurait souhaité que ce soit un montant raisonnable. Quid maintenant au niveau du parrainage, comme cela a été prévu par le Code électoral, qu’il soit signé par les maires après les élections locales ? Mais au lieu de respecter les conditions qui sont posées dans le Code électoral, dans la nouvelle Constitution, on renverse l’organisation des élections. Et cela pose un problème, parce que si on veut effectivement installer des institutions solides et crédibles, il faudrait que les dispositions locales soient respectées. Et malheureusement, ce n’est pas le cas, au moment où nous parlons.
Le montant des dépenses de campagne a été plafonné à 40 milliards de francs guinéens. Quelle est votre réaction ?
Le fait de fixer le montant des dépenses électorales à 40 millions ne nous pose aucun problème, puisque nous sommes pour le peuple. Ce sont nos concitoyens qui sont en train de nous aider, qui sont en train de faire la plupart de nos activités. Ce n’est pas en fait comme ces candidats qui sont enrichis illégalement, qui viennent dépenser autant de montants pour obtenir le soutien de la population. Nous ne sommes pas ces candidats. Avec peu de moyens, nous savons que nous pouvons faire beaucoup de choses. Et nous le faisons déjà depuis que je me suis engagé dans cette aventure. Donc, quel que soit le montant qui est fixé, soyons justes, raisonnables, et veillons à ce que les dispositions légales soient respectées.
Comment se déroule la collecte des parrainages sur le terrain ?
Nous avons énormément de problèmes par rapport au parrainage, puisque même pour déposer les copies au niveau de certaines délégations spéciales, nous avons des problèmes. Et pourtant, c’est tout à fait légal, ce qui est prévu par les autorités en place. Hier (mardi), il y a certains de nos missionnaires qui ont été détenus pendant plusieurs heures dans certaines sous-préfectures de Forécariah. Il a fallu parler avec eux pour obtenir les libérations. Donc, imaginez, nous, on va vers les délégations spéciales, ce n’est pas un crime, ce n’est pas un délit. Il ne doit pas, en fait, intimider nos missionnaires. Si nous ne pouvons pas aller vers eux, obtenir le parrainage comme c’est prévu, qu’est-ce que nous pouvons faire ? Mais nous l’avons dit et je l’ai dit, on va dans ces élections sans se faire des illusions. On sait que ce sera très difficile, mais nous nous battrons légalement et nous ferons tout ce qu’il faut pour faire valoir nos devoirs.
Selon nos confrères de Guineenews, les 368 présidents des délégations spéciales auraient déjà donné leurs parrainages au général Mamadi Doumbouya. Quelle est votre réaction ?
Je ne peux pas à ce stade dire quoi que ce soit ou spéculer par rapport à des informations dont je ne connais pas la source et puis la quête de sens. Nous attendons de voir les choses avant de nous prononcer. Comme on nous a demandé d’aller vers les délégations spéciales, de demander à ce qu’ils signent nos parrainages, nous avons envoyé les copies dans toute la Guinée et nous savons qu’il n’y a absolument aucune raison qui pourrait leur permettre de refuser de nous parrainer. À moins que les autorités légales actuelles leur donnent des consignes de ne pas les signer. Donc nous attendons et puis on appuiera en fonction de la situation.
Et si vous ne parvenez pas à obtenir les parrainages nécessaires ?
À ce stade, je ne peux pas envisager une hypothèse dans laquelle je ne pourrai pas obtenir les parrainages. Et comme c’est assez tôt, nous attendons d’abord de voir la situation réelle et en fonction de ça, nous aviserons. Mais ce qui reste clair, c’est que, Inch’Allah, je serai candidat à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Et qu’au lendemain des élections, je serai le président de la République de Guinée.
Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com