Censure

Jusqu’à preuve du contraire …A prendre ou à lécher (Par Top Sylla)

Top Sylla

 

« Quand le seul outil que vous avez est un marteau, vous voyez tout problème comme un clou », aurait dit quelqu’un que les lecteurs de cette chronique ne sont pas obligés de connaître. En revanche ils sont bien obligés de connaître, et même de subir les principaux protagonistes de la crise politique – en fait une guerre des égos – qui secoue actuellement le pays. Notamment ceux qui sont en quête de mandat présidentiel. Le second pour Alpha Condé et le tout premier pour les deux ou trois autres (Cellou Dalein, Sidya Touré et Lansana Kouyaté). Pour arriver à leurs fins, ils ne semblent reculer devant aucun sacrifice. Surtout celui des autres.

Comme inspiré par Néron, pour se faire entendre le noyau dur de l’opposition semble décidé à faire de Conakry un bûcher ardent, au figuré comme au propre : « vous voyez ça crame, nous sommes les seuls à pouvoir éteindre le feu » ! Malgré tout, de bonne foi diraient les leaders de l’opposition républicaine qui ne manquent pas une occasion
de nous seriner la sempiternelle justification : « la rue est le seul moyen qui nous reste pour faire aboutir nos revendications » !

Soit, mais mesurent-ils le danger qu’il y a à abattre toutes ses cartes d’un coup alors que le jeu ne fait que commencer ? En attendant, la guerre des égos continue entre Alpha Condé et des opposants qui se prennent pour ses égaux (c’est vrai qu’ils étaient ensemble au sein des forces vives apparemment « mortes » depuis), alors que lui a plutôt tendance à les regarder d’en haut.  L’on se rappelle encore des jérémiades du chef de file de l’opposition il y a déjà quelques années : « Monsieur Alpha Condé ne me respecte pas ».

Aujourd’hui encore, le simple fait que le chef de l’Etat soit hors de la Guinée alors que les médias du monde se font l’écho du grabuge qui s’y déroule, est interprété par l’opposition comme une forme de mépris à son égard. Au fait il est rentré vendredi, ce qui a causé d’énormes ennuis aux usagers de la route à Conakry, à cause du zèle des services
de sécurité et de l’enthousiasme des inconditionnels de la Condécratie.).

En dépit des interpellations et condamnations de manifestants, ces derniers, comme des adeptes répondant à l’appel d’un gourou, continuent de braver les forces de l’ordre dans certains quartiers chauds de la banlieue. Dans cette guerre urbaine, gendarmes et policiers font le plein de cartons mais sont souvent eux-aussi la cible des lanceurs de pierres et, dit-on, des porteurs de fusils de chasse. Comme le disait le général De Gaulle, « la guerre, c’est comme
à la chasse, sauf qu’à la guerre les lapins tirent »

Le populo en subit pratiquement chaque semaine les conséquences : ralentissement des activités économiques, paralysie plus ou moins importante de la ville de Conakry, perturbations des cours dans certaines écoles, risques liés à l’insécurité qu’une telle situation engendre, etc.

Quant au fameux dialogue, « le seul maître à bord après Dieu » refuse à se « rabaisser »  au niveau de ses « frangins » pour discuter directement avec eux. S’il clarifiait au moins à Me Sacko de la Justice et aux autres émissaires, avant l’entame des discussions, ses attentes et ce qu’il ne saurait négocier, peut-être que cela aurait pu éviter par
exemple le refus, à postériori, de signer le relevé de conclusion du dernier dialogue.

Face à cette situation de blocage, pour certaines têtes brûlées de l’opposition qui se font souvent entendre du côté de l’Europe, donc loin du champ de bataille (ou de la scène du crime ?), l’équation serait maintenant simple : s’emparer par tous les moyens du pouvoir ou alors accepter de ramper aux pieds de celui qui en est l’actuel détenteur.

Autrement dit, le sceptre est à prendre ou à lécher. Jusqu’à preuve du contraire …

Top Sylla

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