Censure

Commémoration de l’an 48 des pendaisons de 1971/Une lettre ouverte adressée au président de la République

A l’occasion de la commémoration de l’an 48 de la « Journée des suppliciés de l’année 1971″, l’Association des victimes du camp boiro (AVCB) a tenu une conférence de presse, jeudi 24 janvier 2019, à la Maison commune des journalistes, à Coléah, pour inviter le peuple de Guinée à commémorer avec eux cette journée, et adresser une lettre ouverte au président de la République.

Sous le sceau du souvenir des pendaisons sans jugement équitable de 88 Guinéens, à travers toutes les préfectures de la Guinée, dont 4 sous le pont du 8 Novembre, cette manifestation s’inscrit dans le cadre de leur lutte pour leur réhabilitation et pour le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine.

Pour cette journée de commémoration, l’Honorable Fodé Maréga, fils de victime, explique : « Après la manifestation de notre courroux vis-à-vis de l’effigie de Sékou Touré sur le pont du 8 Novembre, aujourd’hui on commémore les pendaisons du 25 janvier 1971 ; donc 48 ans après, on se retrouve pour cette commémoration. On rappelle aussi que sur ce pont, ont été pendus d’éminents cadres, suite à des procès expéditifs, à des violations flagrantes des droits de l’homme et de la légalité ».

Dans leur déclaration lue par Abdoulaye Conté, une lettre ouverte a été adressée au président de la République Alpha Condé, lui-même ancien condamné à mort, de faire la lumière sur cette affaire qui dure depuis 48 ans : « 1971-2019, il y a aujourd’hui 48 ans, qu’une purge sans précédent s’abattit sur notre pauvre Guinée. Vous vous en souvenez d’ailleurs, parce que vous l’avez échappé in extrémis. Condamné à mort par contumace, vous avez été sauvé, parce que absent de la Guinée. Nos pères, compagnons de l’indépendance d’Ahmed Sékou Touré, n’eurent pas votre chance. La brutalité des pendaisons, les exécutions sommaires, les tortures pour avouer des crimes suspectés, les humiliations de plus de 80 pendus à travers la Guinée, continuent de hanter les sommeils des épouses et des enfants des suppliciés. Notre vie est faite de pleurs, de douleurs, de cauchemars, de déchirement, tant était effroyable de sort inhumain qui a été réservé à nos pères ».

L’AVCB demande au président de la République la reconnaissance des crimes commis par le premier régime. « Monsieur le Président de la République, en tant que premier magistrat de ce pays, père, citoyen, vous ne pouvez quitter le pouvoir sans lancer enfin la reconnaissance des crimes abominables qui ont assombri le futur de la Guinée. Et c’est à vous que revient cette charge, en tant que victime…. Œuvrez enfin pour que les familles fassent leur deuil. C’est vous qui pouvez donner une chance aux retrouvailles entre les fils de ce pays. Vous vous voulez le Mandela de la Guinée, alors ayez le courage de cette réconciliation ».

Une gerbe de fleurs sera posée au pont 8 novembre, suivie d’une marche jusqu’à l’ex-camp Boiro, actuel camp Camayenne.

Fatoumata Kaba pour Guinee7.com

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