Censure

Quand le parti au pouvoir tombe dans le piège tendu par le « FNDC »

Damaro Camara était bien inspiré en faisant remarquer que le « FNDC » (en réalité, l’opposition), confond foule et peuple. Force est cependant de reconnaitre que le très éloquent président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle a été influencé, lui et les autres membres du parti présidentiel par la foule qu’a drainée le « FNDC », porté à bout de bras par les militants de Cellou Dalein Diallo lors de la manifestation du jeudi 24 Octobre. Au point de lui opposer une réplique à l’occasion du retour du président Condé à Conakry une semaine plus tard ! Le RPG et ses alliés comptent organiser une sorte de carnaval à Conakry pour accueillir le chef de l’Etat, et montrer à l’occasion au monde qu’Alpha Condé n’est pas aussi impopulaire que voudrait le faire croire ses opposants, à travers médias et réseaux sociaux. Soit.

Mais le RPG a-t-il besoin de répondre, par les mêmes inepties, au « FNDC » qui baigne dans des contradictions déconcertantes ? Ce « FNDC » soutenant être sûr d’avoir la majorité  des citoyens mais qui veut éviter le référendum, expression même de la volonté du peuple ? Ce conglomérat fait de bric et de broc – téléguidé par l’UFDG et d’anciens PM pour la plupart en fin de parcours – se battant pour qu’on refuse la parole au peuple ? Où est la logique quand on prétend défendre l’actuelle Constitution et qu’on refuse de rencontrer le PM (le responsable du dialogue socio-politique, selon la même Constitution) ? Ce « FNDC » qui s’érige en défenseur du peuple tout en l’affamant en ordonnant… la fermeture des boutiques et magasins ?

Qu’on se le tienne pour dit : L’idée de faire adopter une nouvelle Constitution par référendum (donc par le peuple) est une démarche éminemment démocratique, donc républicaine.

Et « En matière de lois, comme le faisait remarquer Alpha Condé dans son adresse à la nation, à l’occasion de la dernière fête de l’indépendance, « il ne s’agit pas de promouvoir des intérêts personnels ou de gérer l’avenir d’un seul homme, mais d’œuvrer pour améliorer le destin de toute une nation ».

Il va sans dire qu’une Constitution adoptée par référendum jouit d’une légitimité infiniment plus grande que celle rafistolée entre les brodequins d’un soudard et une foire de copains, de coquins et de gredins. Elle est beaucoup plus « honorable » que celle soumise à un « parlement » non élu, où chacun cherchait soit à se positionner, soit à se tailler sur mesure une ribambelle d’institutions dites « républicaines » budgétivores à souhait (qui est fou ?).

Tibor Nagy, le sous-secrétaire d’état américain chargé des Affaires africaines ne partageait-il pas cette vue en soulignant, en aout dernier, sur RFI, que « les États-Unis reconnaissent la souveraineté de chaque État, et les États peuvent changer de Constitution à leur guise. Mais nous avons un problème s’il apparait évident que le président en exercice se sert de cela uniquement pour se maintenir au pouvoir. D’autres pays ont changé leur Constitution pour en modifier certains aspects, dont le nombre ou la durée des mandats, mais tout en respectant les principes démocratiques. Á savoir, un débat sur la pertinence d’une nouvelle loi fondamentale et son adoption soumise à référendum par la population » ?

Pour revenir à nos moutons, la majorité présidentielle n’a pas à passer par un carnaval pour montrer la nécessité de faire adopter une nouvelle Constitution par référendum. Cette démarche s’impose même si par miracle tous les Guinéens par d’autres voix s’exprimaient en faveur ou en défaveur de celle-là. C’est une exigence de la démocratie. On pourrait bien sauver les maigres ressources du Trésor public a en prenant conscience.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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