Censure

Assemblée nationale/L’opposition guinéenne opposée à tout (Bakary Koné)

Pour avoir habitué l’opinion à dire ‘’Non’’ à tout ce qui vient de l’Exécutif, l’opposition guinéenne se trouve souvent face à des dilemmes. Comment être d’accord avec telle ou telle action du gouvernement ou comment voter pour tel ou tel projet de loi sans paraître aux yeux des militants comme des ‘’vendus‘’. En sus de cette réalité, reconnaître ou saluer les acquis ou voter pour tel ou tel projet de loi s’apparente aux yeux de certains à une caution tacite de la politique gouvernementale. C’est d’ailleurs pourquoi, le mot d’ordre reste le même au sein de certains groupes parlementaires : votez ‘’Non’’, même si par la suite, on devra chercher dans tous les sens des arguments pour tenter de justifier l’injustifiable. Ces arguments bien entendu sont, à coup sûr, aux antipodes de la réalité socio-économique et politique.

Cette manière de s’opposer est aussi valable pour les autres questions de la vie socio-politique. Si cette propension à tout peindre en noir ou à tout rejeter était suivie de propositions et de suggestions constructives, on ne trouverait rien à redire. Mais le constat est qu’à tous les coups, on se contente de critiquer sans jamais oser dire ce qu’on aurait voulu, n’en parlons pas de ce qu’on aurait fait soi-même.

La théorie selon laquelle le gouvernement gouverne et l’opposition s’oppose, ne peut expliquer une telle paresse intellectuelle dont la résultante est de ‘’déresponsabiliser’’ l’opposition au point de ‘’l’irresponsabiliser’’.

En s’excluant du débat positif sur les préoccupations des populations, elle se marginalise, accroissant par la même occasion le fossé qui la sépare d’elles. Autant le pouvoir a son rôle à jouer pour atteindre l’objectif commun recherché, autant l’opposition a le sien qui ne saurait se limiter aux jérémiades qu’on nous produit à tous vents.

Ce n’est certainement pas en optant pour l’opposition de principe que la donne pourra changer. Il faut bien plus.  Un plus qui exige que chacun joue efficacement son rôle en ne perdant pas de vue les préoccupations du peuple souverain.

Car à force de diaboliser, de tout peindre en noir, on finit soi-même dans la résignation, par être le diable personnifié.

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