Censure

Ebola, enjeux économique, politique, et sécuritaire (Lettre ouverte au Président Alpha Condé)

Objet : Appel à  la repensée de la stratégie de lutte contre Ebola pour le bien de la Guinée et le bien-être des Guinéens.

Monsieur  le Président, c’est avec une grande affliction que  je vous écris cette lettre couverte au sujet de la redéfinition d’une stratégie de lutte contre Ebola qui décime notre population, et porte atteinte à notre économie cacochyme.

Monsieur le Président, je ne  suis pas un  politicien, même  si mon message pour revêtir une connotation politique. Je ne suis non plus pas un membre ou partisan d’un parti politique  guinéen, leur dictature interne met insupportable, de même que leur anarchie organisée. Je ne parlerais donc pas au nom d’un parti politique guinéen, encore loin au nom d’un homme politique, je parle en mon propre  nom, celui d’un citoyen Guinéen, mécontent de la gestion de son depuis l’indépendance de la Guinée  et déçu de l’inconséquence des  politiques de son pays.

Monsieur le Président, le peuple de Guinée, n’a jamais eu droit au bien –être et  à l’opulence qu’il mérite, de l’indépendance à nos jours, les frustrations de notre peuple sont croissantes , les douleurs bien qu’avec des répits ont affecté notre mémoire , elle s’est détériorée  et désintégrée .   Nous n’arrivons plus à lire notre  propre histoire, encore loin à lire celles des autres peuples.  Nous ne pouvons plus être à l’écoute de notre environnement, nous sommes incapables de détecter les risques et les menaces que  nous quêtent, et les yeux bandés nous avançons vers l’avenir imprédictible.

Monsieur le Président  , voilà une année qu’une maladie inconnue des Guinéens faisait surface , la fièvre hémorragique causée par le virus du nom d’Ebola .  Il  fut difficile pour nous de savoir  de quoi il s’agissait .  Il  fut même sous –estimé  quand  les spécialistes  l’ont décrit comme un mal cruel et à  la multiplication rapide .  A l’époque vous disiez : «  Ebola ne nous fait pas peur ».    Cette expression devait s’accompagner d’actes concrets dans le dessein de circonscrire  le mal, mais  votre  gouvernement  manqua  de communication  de crise et encore pis, de stratégies efficaces.  Pourtant, nous aurions pu préparer les esprits  et  réduit la prolifération à contraction rapide. Par manque de communication claire et efficace, le mal est perçu par certains esprits comme une affabulation et pis, comme une tentative d’extermination des peuples noirs.

Monsieur  le Président, dans les situations de crises similaires à la psychose due à Ebola, la communication joue un rôle prépondérant dans la circonscription du mal. Les stratégies de lutte contre Ebola passent pour la plupart par une communication claire  et ciblée, celles évasives renforcent les esprits dans leurs résistances au changement. Je ne suis pas en train de nier vos  efforts consentis, je suggère moi aussi des idées pour que nous vainquions  le mal et  protégions les vies de nos concitoyens .

Monsieur le  Président  , assez de choses se sont passées dans la gestion de cette  crise humanitaire et économique  , mais nous semblons tous oublier de faire le diagnostic de notre système sanitaire . Les pertes en vies humaines dues à Ebola sont les conséquences d’erreurs de communication et  de la défaillance de  nos systèmes de santé.  Le Guinéen ne jouit pas d’une  longue espérance de vie, car il est mal nourrit du fait de sa pauvreté,  il manque de soins de santé efficace,  aussi  d’éducation  de qualité  pour se mettre à l’abri des maux comme Ebola et élargir ses palettes de choix.

Monsieur le Président, les problèmes auxquels est  confronté le système sanitaire guinéen sont nombreux.  Tâcher d’en faire un inventaire exhaustif est une œuvre pénible.  Ici nous recenserons les  problèmes les plus brûlants qui affectent l’efficacité  de notre système de santé , c’est – à- dire ceux  qui induisent le plus d’effets néfastes.

1)    Inégalités d’accès :

La troisième version du  Document stratégique de réduction de la pauvreté  , DSRP III pour 2013-2015 ,  disait ceci au sujet de l’inégalité du système sanitaire guinéen :  « Le système  de santé n’est pas performant , il n’est pas accessible , ni équitable et ni capable de satisfaire le droit à la  santé pour tous , en particulier  les plus vulnérables  ».

Monsieur le premier grand problème du système sanitaire guinéen est l’inégalité d’accès. Cette inégalité d’accès ne s’explique  pas  par les seuls motifs monétaires ou les pauvretés de la majorité, mais aussi par d’autres réalités qui seront étayées ci –dessous.

a)     Selon les situations socioéconomiques :

Du  fait de  la pauvreté de l’écrasante majorité des  Guinéens, l’accès à la santé, n’est pas équitable pour tous. Les riches ont accès aux soins de santé les meilleurs en Guinée ou à l’extérieur, ils peuvent même aller mourir ailleurs ou faire voyager leurs femmes afin d’accoucher en Occident et faire acquérir à leurs enfants  des doubles nationalités. Quant aux pauvres, ils n’ont que les larmes pour pleurer la mort de l’un des leurs, faute de moyens financiers pour payer les frais d’hospitalisation, de traitements ou les médicaments nécessaires.

Les coûts de soins médicaux sont très élevés en Guinée et la majorité étant pauvre et ne  bénéficiant d’aucune couverture médicale, elle se voit empêcher d’accès à l’hôpital.  Ces coûts exorbitants constituent des barrières à l’accès à la santé pour les  ménages pauvres et cela constitue une injustice sociale.  Car si le pauvre ne peut se faire soigner, il ne  pourrait avoir des possibilités d’élargir ses palettes de choix. La lutte contre la pauvreté  devient donc vaine.

b)    Selon l’emplacement géographique :

La seconde raison  qui explique cette inégalité d’accès est  la localisation géographique de la pauvreté elle –même.  Les différents rapports sur l’évaluation de la pauvreté en Guinée, concluent que la pauvreté en Guinée tout comme dans les autres pays  subsahariens est plus  d’incidence   rurale qu’urbaine. Cela veut dire que les   zones rurales devraient être désenclavées et  avoir autant d’hôpitaux que les villes, au du moins en nombre raisonnable.

Les villes et les campagnes  n’ont pas les mêmes dotations en centres hospitaliers, bien que nos hôpitaux soient des mouroirs. Certaines villes sont plus dotées que d’autres. Les personnes vivant dans les  régions lointaines et enclavées n’ont pas les mêmes  chances d’accès aux soins sanitaires que celles vivant dans les villes. Ce faisant, elles sont plus exposées aux maladies et payent très  fort une fois malade.

c)  L’absence de déontologie de certains médecins:

L’absence de déontologie de certains  médecins dissuade certains malades à recourir à l’hôpital surtout lorsqu’ils n’ont pas les moyens conséquents. La corruption dans nos hôpitaux  est en ce sens une illustration.  Le plus souvent certains médecins, adoptent des attitudes déplacées et des comportements détestables à l’égard des patients qu’ils traitent avec mépris et condescendance.

Pendant le premier trimestre de l’année 2014, nous avions tous appris cette mauvaise nouvelle selon laquelle, les jeunes  se seraient révoltés et  auraient saccagé   des matériels au Centre Hospitalier Universitaire de Donka. Personne n’aimerait entendre que les Guinéens s’attaquent à l’hôpital, mais nous   abhorrons savoir que nos médecins abandonnent certains malades  du fait de leur impécuniosité.  Où est la déontologie médicale ?

L’absence de communication aussi entrave  les relations entre médecins et  patients et finalement décourage  les patients à  se rendre à l’hôpital, quand ils en éprouvent  le besoin. Le malheur est que de tels comportements et agissements ne sont adoptés qu’à l’égard des pauvres .Voilà, c’est  une discrimination  pure  et simple. En ce sens que les traitements réservés aux  patients  sont tributaires   de   leurs statuts socioéconomiques et   rangs sociaux.

Nous disons qu’il faut arrêter ces discriminations, et c’est l’Etat guinéen  qui doit assumer ses responsabilités et qui doit veiller à garantir le droit  à la santé des Guinéens.

2)    L’insuffisance des ressources financières : 

Monsieur le Président, nos hôpitaux  ne disposent pas de dotations financières conséquentes  leur permettant de produire  des résultats réconfortants.  Et encore  pis, les dotations financières qui sont allouées à nos hôpitaux  sont faites   avec de grandes discriminations.

«  Part au budget à la santé 2, 3% en moyenne  au regard des engagements d’Abuja, qui stipulent qu’un pourcentage de 15 % du budget de l’Etat doit consacrer à la santé »  , voilà ce que nous dit le document stratégique de la réduction de la pauvreté .  Le rapport continue : «  A cet égard, les centres de santés urbains y compris ceux de Conakry, reçoivent environ 60 % de toutes les dépenses  de santé  alors que  les 5 /6  des centres de santé primaires décentralisés ne reçoivent qu’une fraction de leurs allocations budgétaires et généralement vers la fin de l’exercice budgétaire.  L’absence d’assurance maladie et la mauvaise gestion des ressources du secteur (évacuations sanitaires abusives, par exemple), réduisent l’accès des populations nécessiteuses  aux soins de santé. »

Les conclusions à en  tirer sont claires, il y a non seulement  une faible allocation des ressources financières à nos hôpitaux, mais aussi ces allocations sont  faites sur fond d’injustice et d’inefficience.  Comment peut-on affecter les allocations budgétaires en fin d’exercice et s’attendre que les hôpitaux auxquels ces allocations sont destinées soient proactives et  efficaces ? Il faut arrêter le gaspillage des ressources financières en créant des conditions d’utilisation des ressources à leur utilité maximale.   Ces injustices font que les villes périphériques une fois frappées par de graves maladies, elles ne peuvent pas réagir en temps raisonnable. C’est aussi un problème de gouvernance  sanitaire. 

3)    L’insuffisance de ressources humaines et techniques :

Monsieur le Président, ce serait un euphémisme que de dire que nos hôpitaux manquent de moyens matériels et humains. Dans certains hôpitaux, les médecins de certaines spécialités se font rares. Des moyens matériels, comme des scanners, des instruments d’opérations … sont insignifiants. Le ratio médecin par patients est faible. Le système sanitaire guinéen est tellement malade qu’il ressemble à celui d’un pays  récemment sorti d’une grave guerre civile ayant causé la destruction de son capital physique et immatériel.

Monsieur le Président, le niveau de santé  des résidents d’une économie  a  un impact sur les niveaux de performances économiques de cette  économie, avec Ebola nous avons la preuve éloquente. Certaines  villes manquent de  médecins, et les demandes de soins  non couvertes sont excessives.  Ce qui est aussi écœurant,  c’est que les erreurs médicales sont lésions.  Ce qui veut dire les médecins Guinéens peu qu’ils soient ne sont pas aussi compétents, car si les décès  pour erreurs médicales sont énormes dans nos hôpitaux et si les Guinéens n’étaient pas quelque peu fatalistes nombre de nos médecins croupiraient dans nos geôles.  Peut –être qu’ils sont très peu pour couvrir toutes ces  demandes de soins , qu’ils finissent par faire des faux diagnostics.  Oui, l’inadéquation entre l’offre  et les demandes de soins peuvent conduire à ces genres d’erreurs. 

4)    La mauvaise gouvernance :

Monsieur le Président, la gestion de nos hôpitaux est   peu transparente pour ne pas dire opaque. Les redditions de comptes aussi. Et il faut  exiger que les hôpitaux établissent chaque année, des états de synthèse au sujet de leur gestion. Aujourd’hui nous n’avons pas d’instance capable d’exiger des comptes clairs et transparents de nos hôpitaux. Qu’est –ce qui nous dit que les allocations budgétaires  quelques fois tardives faites à nos hôpitaux sont utilisées à bon escient ?  Le système sanitaire guinéen n’est pas exempt de la corruption, car les pouvoirs discrétionnaires et l’absence de transparence sont des terreaux pour la corruption.  La gouvernance du système sanitaire guinéen doit demeurer une des priorités des autorités.

Monsieur le Président,  tous ces problèmes ont facilité la propagation de la fièvre hémorragique causée par le virus Ebola. Outre ces problèmes on peut aussi ajouter  les problèmes auxquels sont confrontés les services de santé animale.   La santé animale  souffre des problèmes de moyens financiers, techniques et de problèmes de gouvernance.    Je ne suis pas en train de dire qu’Ebola résulte du mauvais contrôle des  viandes, je souligne un point important dans la santé de tout pays. On ne peut pas protéger la vie de nos concitoyens si nos abattoirs ressemblent  à des poubelles, si nos services vétérinaires manquent de moyens.

Monsieur le Président, je ne vous apprend rien lorsque  je dis que la Guinée achète ses vaccins au Mali, et est incapable de confectionner ses vaccins, non pas du par manque de compétences, mais par manque de moyens  financiers et techniques . Les vaccins et les sérums  pour les campagnes de vaccinations animales  sont achetés au Mali.  Pourtant la Guinée recèle d’excellents médecins vétérinaires, mais on nomme à chaque fois les  moins dégourdis et compétents et on attend d’eux des miracles.  La gouvernance de nos systèmes de santé doit être revue.

Monsieur  le Président, je ne veux pas passer le clair de mon temps à pointer du doigt les défaillances passées, le mal étant là, il convient de proposer des idées pour renforcer l’efficacité  de nos  stratégies de lutte contre le mal commun. Je suggère  donc :

1)  La mise en place des  politiques de réduction des zones d’incertitudes :

Dans  les communications de crise de votre gouvernement, il y   a eu assez d’inconséquences, peu d’informations opportunes  ont été  fournies aux populations en dépit de la multiplication des campagnes de sensibilisations.   La plupart de nos jeunes ont trouvé en cette crise une aubaine, ils peuvent constituer des groupes de sensibilisations et bénéficier ainsi des ressources financières, mais qu’en est –il de la qualité des informations   et des messages qu’ils véhiculent.  Il ne s’agit  pas de dire « Stop Ebola  » , pour que le mal prenne  fin , il faut de la pédagogie , des méthodes et des techniques intelligibles et efficaces .

Monsieur le Président,  les gens ne savent pas pourquoi, les mises en quarantaine, ils apprennent qu’un tel mis en quarantaine est mort . Il faut donc expliquer pourquoi la mise en quarantaine. Je vous suggère d’adopter la démarche pédagogique suivante :

–         Situez les choses dans leurs contextes :

Nous sommes face à un mal cruel, dont les moyens de contaminations : par les salives, le sang , les liquides biologiques   … doivent être précisés . Il faut aussi  préciser les autres moyens par lesquels la fièvre ne se transmet pas.  Cette communication doit être itérative et non ponctuelle.  Et  mettez la main à la patte vous-même.

–         Précisez ce que vous voulez des Guinéens et pour eux :

Vous voulez pour eux  le bien – être, et c’est pour cela que vous devez  préciser  les moyens  sanitaires  préventifs  à prendre par les citoyens, et ensuite les moyens curatifs pris par les autorités.   Il faut toujours donner des  informations de façon détaillée, sans  pour autant perdre de vue l’essentiel.  Il faut être direct et prosaïque pour que les messages soient accessibles à tous .Les  messages  doivent être diffusés aussi longtemps qu’il sera nécessaire.. On peut même le traduire dans les langues vernaculaires.  Et les canaux de communication doivent être diversifiés.

Monsieur le Président, il faut une cellule de communication de crise, les spécialistes doivent   traiter des informations à fournir et évaluer leurs incidences sur la compréhension de la population.   Le chef de l’Etat que  vous êtes doit s’adresser  à la population   guinéenne  pour  faire le point de la situation et   fournir des informations claires et ciblées.

–         Précisez les remèdes préventifs, les efforts des médecins et de la communauté internationale :

Monsieur le Président, il faut qu’Ebola soit démythifié. Et le vrai changement de mentalités sera induit par la communication performative et informative. Les gens ignorent ce que font les braves médecins Guinéens  étrangers et voilà qu’ils pensent que ceux –là   leur veulent la mort, l’asymétrie d’information doit être réduite et cela passe par des  communications  récurrentes. Il faut  arrêter de focaliser  la quasi-totalité des efforts aux conférences de presses , il faut que vous vous   adressiez ici et maintenant aux Guinéens , ils ont besoin de votre voix rassurante , de   savoir ce que vous  faites  pour les protéger .

Monsieur le Président, il faut aussi que vous précisiez  les efforts de la communauté internationale, il faut  briser les  sentiments d’abandon des Guinéens.  Face à un tel mal, il faut   que vous communiquiez, sinon, la peur conduit à plus de conséquences que le mal lui –même. Il faut que  vous expliquiez   les bienfaits de vos  précautions, des mises en quarantaine, des  efforts du corps médical guinéen et étranger, de la communauté internationale.

Monsieur le Président, les actions préconisées doivent être claires et non évasives.  Au lieu de dire «  soyez prudents », dites plutôt «  n’oubliez pas de vous lavez les mains », ou « encore n’oubliez pas de laver les mains des enfants » .  La précision jouera  un grand rôle.  Monsieur  le Président, il faut que vous vous impliquiez  le plus dans la communication.

2)  La coordination des actions et des acteurs :

Monsieur  le Président , il faut plus d’acteurs , à l’heure actuelle  , nos médecins semblent être  débordés  par le nombre de malades , de cas suspects  et un cela peut  mettre en danger leurs vies .    Il faut plus d’acteurs et   je suggère de faire appel à l’armée, la nôtre.

Monsieur le Président ,  la décision des Etats –Unis de nous envoyer des militaires pour nous aider ,  est une bonne idée , mais ayant commis assez d’erreurs  de communication , je crains que la venue des ces militaires dans un dessein humanitaire ne soit inopportune ,  nos populations qui ont du mal à croire à l’existence d’Ebola , seront réconfortées dans leurs positions de dénie . Elles se diront : «  Voilà, ils veulent nous tuer et c’est bien pour cela , ils nous  envoient des militaires Américains et non des médecins ». Que ces militaires soient     médecins, cela ne sera pas tenu en compte par les négationnistes du mal.

Il faut donc  plus d’aides techniques, les aides financières  ne serviront pas à grand –chose si la stratégie de lutte actuelle demeure.   Nos militaires pourront   participer à la construction des lieux de mises en quarantaine des suspects,  pourront  bénéficier des formations  des médecins et   combler  le manque de personnel. Un débordement de nos médecins est un mauvais signe.

Outre , les acteurs actuels peuvent    bénéficier des idées par le biais d’échanges avec des experts d’autres pays.    Ceux qui se battent sur le terrain  ont besoin de nouvelles idées , de suppléants dans la définition de nouvelles stratégies .  Je salue la décision de Dr. Kéita Sakoba de multiplier les centres de traitements communautaires, et il faut donc mobiliser l’armée par construire le plus rapidement que possible ces centres et les rendre opérationnels dans les meilleurs délais .Le Nigéria a fait preuve d’une  grande efficacité  en contrôlant l’expansion du virus Ebola, sinon ce serait la plus grande catastrophe  de  l’année et pour ce grand pays. Il faut donc  tâcher d’apprendre de cette expérience nigériane.

3)    La transparence dans la gestion   des ressources financières mobilisées  en  faveur de la lutte contre Ebola :

Monsieur le Président,  il faut  que ce soit éviter à  tout prix    la course à la  rente  financière et le détournement des fonds  alloués pour la communauté internationale contre Ebola. Il   faut que ces fonds sont alloués de façon efficiente,  que les pouvoirs discrétionnaires soient combattus. Il faut que ces fonds servent à l’achat des équipements, des moyens logistiques nécessaires  et aux soutiens des acteurs mobilisés. Il ne faut pas que des opportunistes  profitent de ce mal  pour   se faire plein les poches, cela est à maintes fois arrivé dans notre histoire.  Et les  situations de souffrances ont été utilisées  pour des fins personnelles.     Les moyens alloués ne sont pas  faits dans le dessein de couvrir les déficits budgétaires causés par Ebola, mais pour lutter contre Ebola afin que l’activité économique reprenne et que les conséquences collatérales du mal   décrispent.

En faisant la course à la rente de ces aides financières, nous risquerons de décourager   la générosité de ceux qui, par humanisme  nous assistent.  Les opportunistes qui , sans   stratégies de communication  veulent  se faire plein les poches en montant des groupes de sensibilisations, et de désinformations ,  du fait de leur non  maîtrise du sujet et de ses enjeux , ne doivent pas bénéficier des ces fonds .    Il ne faut pas que la tragédie que nous vivons soit un moyen de  corruption.

4)    La maîtrise des enjeux :

Monsieur le Président, toute crise engendre des  enjeux considérables, il faut les maîtriser sinon la crise devient systémique et  engendre d’autres crises.    La Guinée vient de loin,  vous aimez le rappeler le plus souvent, il faut donc que la Guinée ne se perde pas de chemin.   Cette crise humanitaire, ne doit pas être un moyen de diversions de nos problèmes.  «  A force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel » ,  disait Edgar Morin . Lutter contre Ebola est une urgence, mais  cette lutte ne doit pas rester la seule de nos préoccupations, bien que l’on   doit   consacrer assez d’efforts à la lutte contre Ebola.

Monsieur le Président, ces enjeux sont divers, ils peuvent être politiques et économiques et sécuritaires.  En effet, l’année de la tenue des présidentielles à approche à galop de cheval  et le consensus politique  adéquat n’est pas encore trouvé au sujet de le CENI et de l’opérateur technique  devant  apporter correction au  fichier électoral, voilà qu’Ebola   semble faire oublier  cet enjeu.   Pourtant, il faut que les élections se tiennent en 2015, ce qui suppose qu’Ebola doit  être maîtrisé d’ici à cette échéance et que le consensus soit trouvé.  Les législatives se sont tenues trente  mois plus que prévu, ce qui a empiété sur nombre de projets de développement.

Monsieur le Président,  il nous faut de la stabilité pour ce pays. Aujourd’hui  Ebola est en train de détruire ce que  vous avez fait en termes de stabilisation macroéconomique, l’activité économique est perturbée, l’avenir devient imprévisible et incertain pour les investisseurs.  Il faut éviter  que les questions politiques se mêlent à cette crise, sinon elle empirerait. Cela n’est pas de  l’avantage des  Guinéens.

Monsieur le Président avec l’avènement Ebola, les dépenses ont augmenté et les recettes piquent le nez, l’activité économique a ralenti, il faut éviter que la situation actuelle perdure, sinon vos réalisations partent en l’air et l’heure du bilan approche. Il n’est pas de votre avantage que  vos réalisations s’ébranlent comme un château de cartes, il faut donc muscler votre stratégie de lutte contre Ebola. Il  vous sera pénible de venir dire aux Guinéens, « j’ai réalisé ceci et cela pour vous, mais à la dernière minute Ebola a sapé mes efforts » .

Monsieur le Président, il ne faut qu’à cause d’Ebola, les  élèves et étudiants Guinéens fassent une année blanche. Les cours doivent reprendre, pour le bien de  la Guinée, il serait un autre coup dur pour notre pays que de ne pas ouvrir les classes. Il faut des mesures adéquates.

Monsieur le Président, ceux qui , par humanisme nous aident à  vaincre l’ennemi commun Ebola , ne doivent pas la cible des négationnistes.  Les médecins et même les autorités ont fait l’objet d’attaques et d’assassinats, il faut de la justice pour ces gens. Il faut de la sécurité  pour l’ensemble des acteurs impliqués dans cette lutte.

4)  Les réformes  du système sanitaire guinéen :

Monsieur le Président, le système sanitaire guinéen  souffre des problèmes structurels qui entravent son efficacité. Il faut donc le réformer.  Cette réforme s’inscrit aussi dans la dynamique de lutte contre Ebola. L’avènement de la fièvre hémorragique causée par le virus Ebola doit permettre de faire le diagnostic approprié  de notre système de santé et  au –delà  de  mettre en place un calendrier réaliste de réformes. Le   sous – financement, les problèmes de gouvernance, les inégalités d’accès, le  déficit de personnel et la sous – qualité des services de santé doivent être résolus pour le bien –être des Guinéens.

Monsieur le Président, la crise actuelle est grave, mais nous pouvons  circonscrire le mal, limiter ses dégâts en entendant qu’un vaccin soit trouvé.    Monsieur le Président,  il nous faut le développement, cela n’est pas une nécessité, mais une obligation. Si nous étions une économie émergente, nous ne serions pas en train d’attendre que les autres mettent au point des vaccins pour nous.

Monsieur le Président, j’ai jugé bon de limiter mon intervention à ce problème de santé public, mais il faut que le débat du développement ait lieu en Guinée, nous avions perdu assez de temps et nous nous sommes égarés  à maintes reprises.

Monsieur le Président, convaincu que ceux qui nous dirigent et ceux qui aspirent le faire non pas le monopole des idées,  sont des humains  à la rationalité limitée  et  sujets à erreurs, j’ai jugé bon de vous  interpeller au sujet de ce mal commun et de vous suggérer quelques idées.  En vous souhaitant un bon courage  dans cette lutte et bonne chance pour les présidentielles de l’année prochaine, je vous prie de bien vouloir recevoir  l’expression de ma haute considération.

 

Ibrahima SANOH ,

 Etudiant en Master II à  l’ENCG – Settat,  

Auteur de «  Mettre la Guinée sur la voie de l’émergence économique : Stratégies et Méthodes », à paraitre le 3  Novembre  2014 chez Edilivre .

Tel : 212 06  30 71 47 29

Email : alghini@yahoo.com

 

 

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