Censure

J’accuse monsieur le président de la République, je vous accuse (Par Mme Balde Aissatou Cherif)

Monsieur le président de la République, le professeur Alpha condé ! Je suis plus qu’inquiète de la tournure, actuelle dans notre pays, car je me demande c’est quoi votre projet au juste. Je ne reconnais ici aucun projet, aucun élan politique, vu le degré de souffrance de notre peuple : manque d’eau, d’électricité, insécurité, chômage des jeunes, corruption à ciel ouvert, l’instauration à petit feu d’un état autoritaire…

Et pourtant, il serait plus que louable de s’atteler depuis, sur l’essentiel : rétablir un état respectueux des principes de la démocratie, accroître le potentiel de nos ressources humaines, assurer la protection sociale et le bien-être pour tous, mobiliser de manière stratégique nos ressources financières, dynamiser les secteurs créateurs d’emplois et de richesse. Malheureusement 9 ans après votre accession au pouvoir, le constat est amer. Car ces points cités ci-dessus ne se vérifient pas sur le terrain.

Vous avez promis de former un gouvernement qui est à l’écoute du peuple. Et pourtant là aussi, il y a défaillance. Votre nouveau gouvernement continue d’imposer à la Guinée des mesures économiques impopulaires qui, si vous ne faites pas attention, feront déborder le vase. Ce nouveau gouvernement qui brille entre imposture et forfaiture prouve par ses actes qu’il n’est pas à la hauteur. Sa gestion de la grève des enseignants en est une preuve. Les gens souffrent trop. Trop de promesses électoralistes, c’est comme si vous étiez depuis 9 ans en campagne électorale.

Les Guinéens sont aujourd’hui gavés de mensonges à ne plus savoir qu’en faire. Et mieux je ne comprends pas pourquoi vous cédez aux dictats de la banque mondiale et du FMI du moment où vous clamez partout de couper le cordon ombilical avec l’occident. Et le programme d’ajustement structurel de ces deux institutions n’a jamais sorti l’Afrique de la pauvreté.

Monsieur le président de la République, gouverner c’est improviser et prévenir. L’art de gouverner c’est l’art de vaincre les difficultés ; l’art de vaincre les difficultés, c’est l’art de choisir les hommes selon leurs aptitudes : et cet art, c’est le secret de toute grandeur, c’est l’explication que donne l’histoire de l’éclat des plus illustres règnes ; l’art de gouverner, c’est l’art d’administrer un pays, d’en conserver et d’en accroître le bien-être et la moralité, l’art de gouverner c’est savoir céder par moment aux caprices de son peuple.

Et pourtant on ne gouverne aujourd’hui en Guinée qu’à la surface. Le peuple de Guinée n’a-t-il pas assez souffert ? Le peuple de Guinée doit-il continuer à subir les dégâts du programme d’ajustement structurel du FMI et de la banque mondiale voulu par le gouvernement actuel qui jusque-là n’a jamais aidé un état à redresser son économie de manière durable ?

Pourquoi aviez-vous eu besoin de recycler tous les anciens prédateurs de l’état guinéen ? N’est-ce pas vous qui étiez 40 ans dans l’opposition et alors très imprégné de la moralité de la classe politique guinéenne ?

Alors j’accuse monsieur le président de la République, je vous accuse, et je me demande c’est quoi votre projet, un projet où la femme guinéenne joue des coudes pour se faire une place ? Un projet où les contre-pouvoirs s’effritent petit à petit ? Un projet où les cadres intègres manquent en visibilité et en influence ? Quel gâchis monsieur le président ! Réfléchissez… Bien pauvre est celui qui ne fait que promettre. Bon début de semaine. Vivement l’unité de la Guinée.

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