Censure

Scandale/La grosse bévue de Human Rights Watch qu’elle n’officialise pas

Le 29 avril dernier, l’ONG de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a publié un communiqué qui cloue au pilori le gouvernement guinéen. Sans au préalable écouter celui-ci, comme l’exige sa méthodologie.

 ‘‘Nous avons contacté Albert Damatang Camara, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, par téléphone et WhatsApp, et partagé avec lui par e-mail nos conclusions le 23 mars, en lui posant des questions spécifiques, auxquelles Camara n’a pas répondu à la date d’aujourd’hui, 13 avril’’, glisse à nos confrères d’Africaguinee, Ilaria Allegrozzi,  chercheuse senior à Human Rights Watch.

Le 19 mai dernier, dans un courrier adressé au ministre, Mausi E. Segun, directrice exécutive, direction Afrique de Human Rights Watch, abonde dans le même sens. ‘‘Vous vous souvenez peut-être que le 23 avril, avant la publication dudit communiqué de presse, nous avions porté à votre attention, via vos adresses e-mail officielles et personnelles, nos principales conclusions en vous invitant à répondre à plusieurs questions. (…) Dans ce cas précis, et compte tenu des restrictions imposées en raison du Covid-19, nous n’avons pas pu transmettre physiquement une lettre auprès de votre ministère. Dans la mesure du possible, nous veillerons à le faire lors de futures enquêtes’’, promet-elle.

Cependant, on se rappelle que le 8 mai, dans sa réponse au communiqué de HRW, le ministre Damantang avait fait remarquer que ‘‘sauf inattention ou erreur de notre part, ni le ministre ni aucun autre service du département n’ont trouvé de trace d’un e-mail provenant de HRW relatif à ces questions’’.

Après cette réaction du ministre de la Sécurité, l’ONG reconnait une ‘‘erreur’’ d’envoi du courriel posant des questions au ministre. Dans un courrier adressé à ce dernier, le 20 mai dernier, Ilaria Allegrozzi, concède : ‘‘nous nous sommes rendu compte que l’adresse email auquel nous l’avions envoyé n’était pas bien écrit. Merci d’accepter nos plus sincères excuses pour cette erreur de notre part. Pour le futur, nous allons nous assurer que cela ne va pas se répéter.’’

Un faux prétexte ? En tout cas le ministre dans sa réponse à Mausi E. Segun, exprime sa surprise et fait observer :

  1. Votre mail du 23 avril n’ayant pas pu me parvenir (à cause d’une erreur d’adresse de votre fait) vous avez obligatoirement reçu une notification de non délivrance dudit mail en retour. Dans votre courrier officiel de réponse vous n’en faites pas mention, tout comme vous ne faites pas mention de votre erreur d’adresse pourtant reconnue par votre collaboratrice.
  2. Depuis le début de la crise du Covid-19, notre secrétariat fonctionne parfaitement et nous recevons régulièrement des courriers, notamment de nos partenaires internationaux. La preuve en est que vous y avez effectivement fait déposer une copie de votre courrier et de vos mails mardi dernier (20/05/20). Aucune « restrictions imposées en raison du Covid-19 » n’empêchait que votre courrier soit déposé à notre département.
  3. Nous estimons que pour un sujet aussi grave, tout aurait dû être mis en œuvre pour permettre au Gouvernement guinéen de donner sa part de vérité sur les allégations à son encontre. Il est surprenant qu’une structure aussi organisée que la vôtre n’ait pas trouvé un moyen de faire parvenir ce questionnaire à notre département et de s’assurer de sa réception.
  4. En lieu et place d’un rapport équilibré de votre organisation, la presse et l’opinion publique nationale et internationale a eu droit à un communiqué exclusivement à charge contre notre Gouvernement avec, en plus, la remarque que nous n’avons pas voulu collaborer avec vous.
  5. Par ailleurs, je note dans le questionnaire (que je ne reçois que maintenant) que, pour parvenir à vos conclusions, vous avez « parlé avec des victimes, membres de la famille des victimes et témoins d’abus apparemment commis par les forces gouvernementales, ainsi que du personnel médical, des journalistes, des membres des partis d’opposition, des membres de la société civile et d’autres résidents de Conakry et d’autres villes ». Je trouve ici la confirmation que vous n’avez échangé avec aucune autorité guinéenne sur les éléments qui ont justifié votre communiqué du 23 avril. 

Pour tout dire, le ministre se dit indigné. Car pour des ‘‘questions aussi graves, rendues publiques par vos soins, reprises par la presse internationale et ternissant considérablement l’image de notre pays, nous ne pouvons que vous réitérer notre indignation face à la légèreté qui a entouré la rédaction et la publication du communiqué du 23 avril 2020. Ceci nous amène à avoir des doutes légitimes sur vos précédents rapports et à nous inquiéter pour ceux à venir. Nous prenons néanmoins acte de ce que vous vous déclariez engagés à échanger des informations avec nous et à obtenir des réponses officielles à vos investigations’’.

Nous avons posé ces questions sur Watshap à Ilaria Allegrozzi : Le fait de n’avoir pas pu avoir la version du gouvernement par votre faute remet en cause votre communiqué ? Allez-vous officialiser votre ‘‘erreur’’ ? Pour le moment nous n’avons pas eu de réponse de l’ONG.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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