La communautĂ© internationale, Etats-Unis en tĂȘte, a vivement condamnĂ© dimanche 2 novembre la prise de pouvoir annoncĂ©e par l’armĂ©e au Burkina Faso, mais l’appel de l’opposition Ă un rassemblement de protestation s’est soldĂ© par un Ă©chec, avec seulement un millier de personnes prĂ©sentes, selon un correspondant de l’AFP.
Parmi les manifestants, essentiellement des jeunes, la dĂ©ception, voire le mĂ©contentement se faisaient sentir alors que le rassemblement a durĂ© Ă peine plus d’une heure, en l’absence de toute force de l’ordre. « Notre lutte maintenant, c’est le dĂ©part pur et simple du lieutenant-colonel Zida » , a dĂ©clarĂ© un manifestant.
« TRANSFERT IMMĂDIAT AUX AUTORITĂS CIVILES »
Washington a appelĂ© dans la nuit « l’armĂ©e Ă transfĂ©rer immĂ©diatement le pouvoir aux autoritĂ©s civiles », selon la porte-parole du dĂ©partement d’Etat, Jen Psaki. Les Etats-Unis, un des alliĂ©s privilĂ©giĂ©s du Burkina, « condamnent la tentative de l’armĂ©e burkinabĂ© Ă imposer sa volontĂ© au peuple du Burkina Faso », a-t-elle ajoutĂ©.
La Constitution, que les militaires ont dit avoir suspendue, prĂ©voit que le prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale assure l’intĂ©rim du pouvoir en cas de vacance.
La mĂ©diation internationale tripartite au Burkina conduite par l’ONU, l’Union africaine et la CĂ©dĂ©ao, l’organisation rĂ©gionale de l’Afrique de l’Ouest, a, elle Ă©voquĂ© la menace de « sanctions ». « Nous espĂ©rons qu’il y aura une transition conduite par un civil, conforme Ă l’ordre constitutionnel ». « Sinon, les consĂ©quences sont assez claires. Nous voulons Ă©viter pour le Burkina Faso la mise en place de sanctions », a dĂ©clarĂ© l’Ă©missaire de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas lors d’une confĂ©rence de presse Ă Ouagadougou.
INCERTITUDE
Le Burkina Faso, petit pays sahĂ©lien enclavĂ© de 17 millions d’habitants, est plongĂ© dans l’incertitude sur son avenir politique depuis la chute du prĂ©sident Blaise CompaorĂ©, chassĂ© par la rue aprĂšs vingt-sept ans au pouvoir et rĂ©fugiĂ© en CĂŽte d’Ivoire.
Samedi, vingt-quatre heures aprĂšs la chute et la fuite du prĂ©sident Blaise CompaorĂ© en CĂŽte d’Ivoire, aprĂšs vingt-sept ans de pouvoir, les hauts gradĂ©s de l’armĂ©e ont mis fin Ă leurs dissensions. Ils ont dĂ©signĂ© « Ă l’unanimitĂ© » M. Zida, 49 ans, Ă la tĂȘte du rĂ©gime de transition. Se voulant rassurants pour Ă©viter le spectre d’une junte autoritaire, les militaires ont affirmĂ© que cette transition se ferait de maniĂšre dĂ©mocratique, entretenant nĂ©anmoins le flou sur les modalitĂ©s pratiques de sa mise en Ćuvre.
« ĂLECTIONS LIBRES »
L’opposition et la sociĂ©tĂ© civile du petit pays sahĂ©lien ont refusĂ© catĂ©goriquement ce qu’elles qualifient de « confiscation » du pouvoir, dans un communiquĂ© commun.
« La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par consĂ©quent la gestion de la transition lui appartient lĂ©gitimement et ne saurait ĂȘtre en aucun cas confisquĂ©e par l’armĂ©e »
L’Union africaine (UA) a exhortĂ© dans la soirĂ©e de samedi « les acteurs politiques et la sociĂ©tĂ© civile du Burkina Faso Ă travailler ensemble (…) pour convenir d’une transition civile et inclusive devant dĂ©boucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d’Ă©lections libres ». Outre ceux de l’UA, des reprĂ©sentants de l’ONU et de la CĂ©dĂ©ao, l’organisation rĂ©gionale de l’Afrique de l’Ouest, continuaient de mener Ă Ouagadougou une mission de bons offices.
RĂOUVERTURE DES FRONTIĂRES AĂRIENNES
Par ailleurs, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a annoncĂ© dans un communiquĂ© la rĂ©ouverture des frontiĂšres aĂ©riennes du pays, fermĂ©es la veille. Les terrestres restent fermĂ©es, ont prĂ©cisĂ© les nouvelles autoritĂ©s au Camp Guillaume, oĂč est basĂ© le nouvel homme fort du Burkina.
Le couvre-feu est maintenu, mais son entrée en vigueur a été repoussée de 19 heures à 22 heures, pour une fin à 6 heures du matin.
AFP