Censure

Presse / Les médias en sit-in devant la HAC à Conakry

Les organisations professionnelles de médias en Guinée et plusieurs journalistes se sont donné rendez-vous, ce lundi 26 août, devant le siège de la Haute autorité de la Communication (HAC), pour exprimer leurs mécontentement face au silence de cette institution après l’inculpation du patron du groupe Le Lynx-La Lance.

Malgré la pluie qui s’abattait sur Conakry, ce matin, plusieurs journalistes se sont donné rendez-vous devant la HAC, pour exprimer leur colère, quelques jours après l’interpellation et l’inculpation de Souleymane Diallo PDG du groupe de presse Le Lynx-La Lance et de Abou Bakr, directeur de la radio Lynx Fm. En l’absence de la présidente et de quelques responsables de cette institution, les journalistes ont tout de même tenu leur sit-in, pour faire entendre leurs cris de détresse à l’opinion nationale et internationale sur les injustices dont ils sont victimes en Guinée.

Dans la déclaration des organisations professionnelles de médias en Guinée rendue par le chargé de communication, Mohamed Barry, il est déclaré : « L’heure est donc grave et les jours des hommes de médias semblent comptés dans leur profession, car leur liberté est mise à rude épreuve, depuis quelques mois. Ceux qui ne veulent pas sentir l’odeur de la démocratie, ne manquent pas de démarches liberticides pour contrer et anéantir la presse ; par ricochet, notre jeune démocratie ».

Par ailleurs, il affirme l’opposition des organisations professionnelles de médias à de tels dérapages de la justice vis à vis des journalistes guinéens : «En tant qu’organisations professionnelles de médias, nous refusons de tels dérapages aussi flagrants qui, non seulement portent atteinte à la liberté de la presse, mais projettent aussi à la face du monde une image dégradante de notre justice, qu’on croirait composée de magistrats à niveau douteux, sans probité morale et sans courage professionnel. Pourtant, parmi ces hommes de robe, il y en a qui font bien, sinon qui peuvent bien faire leur travail, si chacun de nous œuvrait dans le sens de bâtir un Etat qui rentre dans le concert des pays méritant le statut des nations à démocratie établie (…) Le placement sous contrôle judiciaire de deux journalistes de Lynx FM vient compléter le tableau de trophées de ceux qui veulent voir mourir la presse guinéenne, puisque la procédure de citation directe dans le cas espèce est connue de tous les magistrats. Mais, la presse ne mourra pas ».

Présent lors de ce sit-in, pour accompagner ses confrères, Lamine Guirassy, PDG de HADAFO Médias, estime que l’heure est grave pour la liberté de la presse en Guinée, et que c’est le moment de s’unir : « L’heure est grave, l’heure est grave, parce qu’on a vécu des moments très douloureux dans notre pays. Je pense notamment à la transition entre autres ; mais ce qui se passe ici là, c’est juste extraordinaire. Je ne pouvais pas penser qu’en 2019, qu’on pouvait tomber si bas. Je pense que c’est le moment où jamais de s’unir pour avancer ensemble pour conserver ces acquis (…) Maintenant, le plus important à travers ce que nous allons faire aujourd’hui, c’est un signal fort que nous donnons et derrière ce que ça pourra donner ».

Nouhou Baldé, administrateur général du site Guinée matin, également présent, déclare que : « Le message, c’est de demander qu’on arrête d’intimider les journalistes, de pouvoir museler la presse, puisque nous savons que c’est impossible, les médias ne vont pas accepter, ce n’est pas du tout une situation enviable que nous vivons aujourd’hui, mais ce n’est pas une situation qu’on va accepter (…) Il faut que ça s’arrête. La HAC devrait gérer tout ce qui concerne les médias, ce qui n’est pas en train d’être fait. Je considère qu’eux-mêmes doivent nous soutenir, eux-mêmes doivent se reconnaître dans ce combat. Il faut restaurer les prérogatives de la HAC, pour permettre à la HAC de réguler les médias en république de Guinée ».

L’organisation a tenu à rappeler et à préciser qu’elle ne faisait pas la promotion de l’impunité en faveur des journalistes, mais elle demande tout simplement le respect des textes de loi appropriés pour le traitement des dossiers impliquant les professionnels de l’information.

A la fin de ce sit-in, une copie de la déclaration a été déposée à la HAC, et une autre au ministère de l’Information et de la Communication.

Fatoumata Kaba pour Guinee7.com

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