Censure

L’économie mondiale victime collatérale du Covid 19 (Par Ibrahima Bamba)

I- Aspect général du problème du COVID 19 :

La pandémie Covid 19 est une crise sanitaire sans précédent que l’humanité traverse actuellement de par ses multiples caractéristiques. Si cette crise n’était que sanitaire à ses débuts, elle  nous dévoile aujourd’hui ses conséquences qui sont entre autres sociales, économiques, culturelles et même politiques.

Il ne serait pas exagéré de considérer cette crise comme l’une des plus dramatiques et perturbantes pour l’économie des grandes nations industrialisées ainsi que pour celle des pays en développement suite aux décisions prises par la majorité des gouvernements de la planète.

Sur le plan économique, la crise est particulièrement violente pour les entreprises car elle constitue à la fois et de façon inédite, une crise de “l’Offre” mais aussi, de la “Demande” chose qui ne s’était jamais produite dans l’histoire récente de l’humanité.

Un marché économique de type libéral est caractérisé par la rencontre de l’offre et de la demande jusqu’à la pandémie Covid 19, l’humanité n’avait connu que des crises économiques qui étaient dues soit à l’Offre (offre inférieur à la demande) soit à la demande (demande inférieure à l’offre) mais pas les deux à la fois.

Cette double crise de l’offre et de la demande constitue un nouveau phénomène qui a profondément mis les entreprises en difficultés d’honorer non seulement leurs engagements (vis à vis des salariés, clients et fournisseurs) mais aussi de faire face à leurs obligations fiscales et sociales (vis à vis de l’Etat).

Avec près de la moitié de la population mondiale confinée, il est complètement difficile voire impossible pour les entreprises de production de produire suffisamment pour alimenter un marché quasi inexistant.

De même, les entreprises de prestation de services, les entrepreneurs ainsi qu’autres startups sont dans les mêmes impossibilités de proposer leurs services à un marché qui a deux fois moins de demandes (baisse drastique des activités).

Ce confinement généralisé a fortement impacté les maigres croissances des économies de la plupart des pays occidentaux et les a irréversiblement conduit à la récession, et ce, malgré les milliers de milliards de dollars injectés.

II- L’impact sur la Guinée :

Contrairement à l’Europe et les Etats-Unis, la Guinée comme la plupart des pays d’Afrique Sub-Saharienne ont préféré “le non ou pas confinement’’ comme mesures, certes  moins contraignantes pour les activités mais mesures tout de même, pour limiter la propagation de l’épidémie.

Ce “non confinement” peut s’expliquer par le caractère dominant du secteur informel sur les activités économiques d’un côté, et de l’autre du caractère journalier pour l’acquisition des moyens de subsistances de la majorité des populations de nos pays en développement. Il était donc, difficile d’envisager un confinement généralisé sans pour autant fragiliser le gagne-pain de nos populations.

C’est dans ce cadre que la Guinée, à l’instar de la plupart des pays africains, a pris des mesures de distanciation sociale notamment : l’instauration d’un couvre-feu de 21h à 5h, la fermeture de l’aéroport et des frontières, l’interdiction de tout rassemblement à plus de 20 personnes, la fermeture des  écoles et lieux de cultes, l’isolement de la capitale Conakry du reste du pays etc…

Ces mesures d’ordre sanitaire ont ainsi fortement impacté l’activité du secteur de l’éducation, du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, principalement dû à la fermeture de l’aéroport et à l’interdiction des réunions publiques.

Egalement, le secteur agricole est durement touché non seulement, en raison de l’interdiction de sortie de Conakry des acteurs de la chaine d’approvisionnement des marchés de la capitale, mais aussi par la fermeture des frontières terrestres empêchant ainsi l’export des denrées vers les pays voisins.

Ces acteurs de la chaine de valeur du secteur agricole ayant pour habitude d’effectuer eux mêmes le déplacement sur les différents sites agricoles du pays pour non seulement passer commande, mais aussi pour assurer l’acheminement des produits jusqu’à la capitale, le plus grand marché du pays, assurant l’écoulement des produits.

Quant aux autres secteurs de l’économie, le Covid 19 a eu moins d’incidences en raisons de l’absence de confinement en journée.

Les activités minières étant la principale source de devises et de revenus pour l’Etat, fonctionnent relativement à la normale.

III- Imaginer des solutions pour faire face à de nouvelles crises :

Ce bouleversement dans le fonctionnement de notre économie Guinéenne doit nous amener à proposer d’autres formes dans la chaine de valeur des produits agricoles :

En premier lieu, la mise en place d’une plate-forme de concertation permettant aux uns et aux autres d’explorer de nouvelles méthodes de passer commande d’un côté et de livrer les produits sans effectuer de déplacement de l’autre, aurait été une solution.

Cette initiative impliquerait des mécanismes de normalisation, de standardisation, de conditionnement, d’emballage, de conservation et de distribution des produits agricoles.

Pour faire face à la baisse d’activités dans le pays, le gouvernement guinéen à travers un plan de riposte économique annonce une trentaine de mesures venant ainsi prêter main forte à une économie déjà bien secouée.

Ce plan propose de procéder à l’identification des AGR (Activités Génératrices de Revenus) les plus impactées afin d’accompagner et pour minimiser la baisse d’activités et également promouvoir la circulation monétaire à l’intention des ménages dans des situations de précarité.

Concernant les produits en souffrance d’exportation, une négociation express avec les pays voisins devrait être envisagée, à l’image des pays de l’Afrique de l’Est, pour permettre la libre circulation des biens de consommation afin de satisfaire les demandes existantes dans ces pays et en même temps soulager la détresse de nos producteurs locaux.

Une autre initiative concernerait le cas spécifique des produits périssables (Pomme de terre, ananas, mangues, bananes plantains, …), il serait judicieux de procéder à une rallonge de la chaine de valeur par la transformation en produits semis finis afin d’augmenter leur durée de vie commerciale. Cette mesure est exigeante mais possible en mettant en place notamment un réseau de dispositifs frigorifiques à l’échelle des zones de production.

Les mesures citées plus haut prennent en considération la situation critique dans laquelle se trouvent les producteurs de produits périssables. Il serait donc judicieux pour les les acteurs de penser à une dynamique collective par territoire pour vendre ensemble et s’entendre sur un même niveau de prix.

Ceci étant dit, l’Etat devrait par des subventions publiques contribuer à supporter les pertes qui seront enregistrées. Dans ce cas, tout le monde sort gagnant : les populations auront consommé des produits locaux à moindre coût, les producteurs auront pu écouler leurs marchandises et l’Etat n’aura pas à tout subventionner.

L’incertitude qui pointe à l’horizon post Covid 19 nous interpelle à produire des pistes de solutions. Une telle dynamique exige la mise à disposition de toutes informations utiles, ressources disponibles permettant de maximiser les possibilités de relance économique et sociale de notre pays.

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