Censure

Scandale. Mines. Le SFO aurait abandonné de poursuivre Rio Tinto dans l’affaire des pots-de-vin en Guinée…

Selon des informations diffusées ces derniers jours par la presse internationale, le Serious Fraud Office (SFO) britannique aurait abandonné les enquêtes autour de l’histoire des pots-de-vin versés par des responsables de Rio Tinto à un intermédiaire qui aurait influencé en 2011 le processus de maintien de la Major britannique sur le Simandou.

Dans un article de l’agence de presse américaine Bloomberg, publié le 25 Août 2023 et intitulé « UK SFO closes Rio Tinto and ENRC investigations with no charges », traduisez « Le SFO britannique clôt les enquêtes sur Rio Tinto et ENRC sans inculpation », les auteurs affirment que la SFO a abandonné les enquêtes en Guinée pour une raison bien curieuse.

« Le Serious Fraud Office a déclaré avoir clos l’enquête de 2017 de Rio Tinto sur des allégations de corruption en Guinée après qu’un examen interne a révélé qu’il n’était pas dans l’intérêt public de la poursuivre, selon une mise à jour publiée jeudi sur son site Internet. Aucune accusation n’a été portée contre des individus ».

Aucun autre détail n’est également apporté pour expliquer cet « abandon » d’une procédure qui avait à l’époque provoqué un véritable choc dans le secteur minier.

Le Français François Polge de Combret aurait reçu au moins 10,5 millions de dollars USD pour conforter la position de Rio Tinto sur le Simandou.

Le scandale a éclaté en 2016, avec des fuites d’emails de Tom Albanese et de Sam Walsh, qui ont tous les deux occupé les fonctions de Chief Executive Officer (CEO) [Directeur Général] dans cette compagnie major du secteur minier, avec la nomination de Jean-Sébastien Jacques comme grand patron en juillet 2016.

Rappel d’une scabreuse affaire

En novembre 2016, un énorme scandale va éclater au sein du groupe Rio Tinto : des fuites d’emails ont révélé qu’un intermédiaire, le banquier d’affaires français François Polge de Combret, avait reçu au moins 10,5 millions de dollars USD apparemment pour influencer le processus de « sécurisation » des droits de la compagnie anglo-australienne en Guinée…

Huit années plus tôt, Rio Tinto s’était vu obligée de rétrocéder la moitié de sa « surface initiale » (Ndlr : dans la partie blocs 1 et 2) aussitôt attribuée à la société Beny Steinmetz General Resources (BSGR) dont la saga judiciaire, sur fond d’accusations de corruption a tenu en haleine le monde minier. Dans ce dossier d’ailleurs, BSGR a pointé du doigt « l’activité » de Rio Tinto pour l’éjecter du gisement Simandou

Ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, le Français, associé-gérant à la banque Lazare, était par ailleurs considéré comme un vieil ami de l’ex président de la République Alpha Condé. Selon nos sources, durant ses premiers mois au pouvoir, ce dernier prenait parfois conseil auprès de lui notamment sur le dossier Simandou.

Dans cette affaire, l’ex chef de l’Etat a clairement souligné qu’il n’a jamais su que de Combret jouait discrètement sa propre partition avec Rio Tinto Simfer, qui détenait depuis 2006 une concession minière sur le méga gisement de fer (Ndlr : finalement réduit aux blocs 3 et 4 du Simandou Sud après le retrait des blocs 1et 2 du Simandou nord).

Selon les documents vus par WESTAF MINING, l’intermédiaire français avait conclu en Mars 2011 des accords avec Rio Tinto et des paiements auraient été effectués via des entreprises directement liées à lui notamment Sufatos Trading Corp (Ndlr : enregistré aux îles Vierges Britanniques) et Teleus Investments Ltd (Ndlr : enregistré à Jersey).

Les détails des emails échangés à l’époque entre Tom Albanese, Sam Walsh et Alan Davies, respectivement Chief executive officer (CEO), CEO adjoint et responsable des opérations internationales de Rio Tinto (Simfer), révèlent une âpre négociation pour payer les 10,5 millions USD promis à de Combret.

Ces mêmes emails révèlent que le banquier d’affaires avait sollicité au départ des « honoraires » d’un montant de 15 millions USD…

Ces tractations entre Rio Tinto et son intermédiaire se sont déroulées au moment où l’Etat guinéen était engagé dans des discussions qui allaient déboucher sur un accord transactionnel, avec le paiement par Rio Tinto Simfer d’une amende de 700 millions USD permettant la poursuite de ses activités dans le pays.

Dans un email en date du 10 mars 2011 adressé à Sam Walsh, Davis affirmait que le « résultat obtenu a été considérablement amélioré par la contribution de François ».

En avril 2022, de Combret a été condamné en France pour… fraude fiscale. La décision de SFO britannique d’abandonner les enquêtes lui enlève une belle épine du pied. Ce ne serait pas de « l’intérêt public » de les poursuivre, affirme l’agence britannique de lutte contre la fraude et la corruption…

Avec Westaf Mining

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