Censure

Coup d’état électrique en Guinée

Notre pays est maintenant plongé dans l’obscurité la plus totale, métaphoriquement et littéralement parlant. Alors que les Guinéens s’étaient habitués à vivre dans un monde illuminé par les projecteurs électriques sous le régime d’Alpha Condé, ils se retrouvent maintenant dans un tableau digne d’une autre époque où les lampes chinoises -elles ont heureusement remplacé les bougies autrefois à l’origine de plusieurs dégâts-, sont devenues des articles de compagnie et les générateurs des biens inestimables.

L’annonce, mercredi, de la société d’électricité concernant un programme de délestage des quartiers -désormais des ménages n’auront qu’environ 7h d’électricité à tour de rôle-, a été accueillie avec une déception profonde par une population qui s’était laissée emporter par l’ivresse de la surconsommation électrique.

Les jours où l’on pouvait allumer toutes les lumières de la maison sans craindre de plonger dans l’obscurité sont désormais révolus. Les Guinéens se retrouvent à jongler avec les horaires de coupure de courant, comme s’ils jouaient à un jeu de hasard où le jackpot serait une nuit sans interruption électrique.

La nostalgie du régime d’Alpha Condé s’est emparée de nombreux citoyens, qui voient désormais son départ par un coup d’État comme une erreur fatale. Une vidéo virale sur les réseaux sociaux montre un homme appelant désespérément son retour, non pas pour restaurer la démocratie ou l’état de droit, mais simplement pour rétablir l’approvisionnement en électricité. ‘‘Alpha, reviens, il n’y a plus de courant en Guinée. Nos soudeurs ne travaillent plus, nous n’avons plus d’eau fraiche !’’, s’exclame-t-il.

C’est vrai qu’n matière d’électricité, les Guinéens avaient fait un pas en avant, mais les militaires au pouvoir les ont rapidement ramenés à deux pas en arrière. Maintenant que les réfrigérateurs sont devenus des boîtes à glace et les téléviseurs des objets de collection, la seule lueur d’espoir réside dans le retour d’une ère où l’électricité était plus qu’un simple privilège, mais un droit fondamental pour tous les Guinéens. A moins qu’Ousmane Gaoual ait déjà décidé que tout comme internet, l’électricité aussi n’est pas un droit…

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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