Censure

‘‘Les jeunes d’aujourd’hui ont causé tellement de dégâts dans ce pays’’, dénonce Edouard Zoutomou Kpoghomou de l’ANAD

Edouard Zoutomou Kpoghomou, un des vice-présidents de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) a accordé une interview à notre rédaction et celle de Ndimba Radio, ce mercredi 8 mai 2024. La relecture du code électoral, la limitation de l’âge pour la présidentielle mais aussi les cas d’incendie en Guinée sont entre autres sujets abordés dans cet entretien.

Guinee7.com/Ndimba Radio : Récemment le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation et des partenaires techniques et financiers se sont retrouvés à Kindia. L’objectif était de faire la relecture du code électoral. Est-ce que votre parti ou Alliance a été inventé (é) à cette rencontre? 

Edouard Zoutomou Kpoghomou : Nous n’avons pas pris part. A ce que je sache, c’était simplement au niveau de l’administration du territoire et des partenaires techniques et financiers. Évidemment, cette relecture du code électoral est en train de supposer ou présuppose qu’il appartiendra au ministère de l’Administration du territoire d’organiser justement ces élections. Je pense que s’il y a un débat, le débat devrait être beaucoup plus élargi que ceux qu’on a invités et justement c’est l’une des erreurs que l’on commet. Parce que ceux qu’on invite vont financer justement les élections, les partenaires techniques et financiers mais en fait l’application ne dépend pas d’eux, il s’agira pour le peuple de consommer toutes les décisions qui en sont issues. Il faut bien que le peuple prenne connaissance des erreurs.

Donc, vous avez des inquiétudes à ce sujet ?

Nous avons beaucoup d’inquiétudes en ce qui concerne l’organisation et la supervision des élections. C’est pourquoi dès le départ nous avons demandé à ce qu’il y ait la mise en place d’un organe de gestion des élections. Un organe indépendant et qu’il ait une assistance technique pour s’occuper de la gestion technique des élections. Parce que nous ne faisons pas confiance à l’administration. L’administration c’est l’extension du système en place. Alors, quand on doit donner à ceux-là la possibilité de gérer les élections ça veut dire que le jeu est gagné d’avance et c’est comme ça. Alors nous nous disons que si on veut éviter qu’il y ait des crises après ces élections, il faut faire en sorte que le CNRD reste à équidistance de toutes les tendances mais présentement on se rend compte qu’ils se sont rangés d’un côté même si ça ne montre pas de façon vraiment visible. On le sens, on voit à travers justement des veillées qui s’affichent sur les réseaux.

Diomaye Faye, au Sénégal quand il faisait les élections il n’a pas demandé à ce qu’on exclut les vieux

Selon certaines informations, au cours de cette relecture il est prévu que les candidats à la présidentielle devraient avoir un âge compris entre 35 et 75 ans. Est-ce que si cela est validé par le conseil national de la transition vous serez d’accord ? 

Dans un pays, il n’y a pas que les gens qui ont l’âge qui varie entre 35 et 75 ans qui ont le droit de vivre. La démocratie c’est l’égalité des droits de tous les citoyens. C’est-à-dire des bébés jusqu’au vieillards, au dernier vieillard qu’on peut trouver n’importe où. Alors, essayez de limiter cette tranche d’âge c’est franchement faire de la discrimination officielle. Nous disons que, on peut comprendre à l’image de nos sociétés par exemple, comme quand un homme se marie il faut qu’il fasse la démonstration d’une certaine prise de responsabilité. Qu’il sache qu’il peut s’occuper de lui-même, qu’il peut s’occuper d’une famille. Là, ils disent qu’on va fixer une limite inférieure ça se comprend mais une limite supérieure, nous nous disons, notre philosophie c’est qu’un homme est en possession de toutes ses facultés il n’y a de limites à ce qu’on peut lui imposer. Sinon aujourd’hui, Paul Biya à 91 ans au Cameroun il est candidat à une autre élection présidentielle, Ouattara en Côte d’Ivoire il a 81 ans on est en train de faire activement campagne face à un quatrième mandat. Alors, Bachir Diomaye Faye, au Sénégal quand il faisait les élections il n’a pas demandé à ce qu’on exclut les vieux. Alors, quand on le dit c’est un manque de responsabilité et c’est même une atteinte grave aux principes de liberté démocratique. Nous, nous pensons que c’est un faux débat, on peut à la rigueur faire une limite inférieure mais pas une limite supérieure. Laisser les gens présenter leurs projets de société si le peuple avalise (…) Remarquer très bien, des jeunes dont on parle aujourd’hui, nous ne généralisons pas, les dégâts que les jeunes ont commis, si les gens ont peur de le dire nous nous n’avons pas peur de le dire. Les jeunes d’aujourd’hui ont causé tellement de dégâts dans ce pays qui va nous prendre énormément de temps pour pouvoir redresser cette situation.

On ne peut pas appeler de jeunesse seulement parce que c’est large. La jeunesse c’est le comportement qui doit se traduire, il y a des jeunes qui sont très responsables. Moi je pense que les jeunes d’aujourd’hui devraient être plutôt concernés par l’acquisition du savoir. Or, aujourd’hui des jeunes, vont se taper la poitrine alors qu’ils n’ont pas la maîtrise de ce qu’ils sont en train de faire. Nous pensons qu’on ne peut venir faire de l’imposture, venir dire qu’on connaît quelque chose alors qu’en réalité, on ne connaît rien. Nous nous disons, la connaissance c’est comme de la confiture, plus on a en moins on l’étale mais plus on l’étale ça veut dire qu’on a peu. Alors, nous pensons que c’est un faux débat si on ne veut pas soumettre justement ce pays à beaucoup de contradictions et de Kao il vaut mieux laisser le peuple décider ce qui est bon pour lui et ce qui n’est pas bon pour lui.

Tout à l’heure vous parliez des dégâts causés par les jeunes. Donnez-nous des exemples ?

D’abord, au temps du Pr Alpha Condé, vous connaissez les 519 cadres qui avaient pratiquement dévalisé l’Etat. Aujourd’hui, au CNRD les bruits qui courent autour des détournements, des milliards par-ci, vous connaissez mieux que nous. Il ne faut pas faire semblant de ne pas le savoir. Nous, nous n’avons à indiquer Pierre ou Paul mais ce qui se dit se connaît. Vous voyez des gens qui vont acheter des maisons à l’extérieur à des millions de dollars. D’où vient cet argent ? Ce ne sont pas des vieux qui font ça, ce sont des jeunes. Alors, on ne peut nommément rentrer dans ça mais c’est une tendance qui est connue de tout le monde. Il ne faut pas qu’on essaie de ne pas le savoir, parce que pour nous ce n’est pas faire preuve de rigueur. Quand on fait semblant c’est simplement parce qu’on veut cacher quelque chose.

les dieux sont en train de nous dire que nous allons dans la mauvaise direction

Les cas d’incendie sont devenus récurrents en Guinée et plus particulièrement à Conakry, selon vous cela est dû à quoi ? 

Bien malin qui peut le dire mais nous, nous pensons que c’est un signe prémonitoire, il faut que l’on sache que quelque part les dieux sont en train de nous dire que nous allons dans la mauvaise direction. Sinon on ne peut aller d’incendie en incendie. Évidemment, dans ce genre de choses les gens parfois organisent certaines crises et il n’est pas caché. Quand il y a des incendies comme c’est lui qui a fait exploser le dépôt central et il n’y a pas de tentative d’enquête pour pouvoir situer les responsabilités, d’abord savoir ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et comment éviter que cela ne se reproduise. On n’en parle pas, ça veut dire franchement quelque part c’est ce qu’on souhaite parce que quand il y a beaucoup de crises comme ça, c’est un environnement qui est favorable au maintien d’ordre par la force parce que les uns et les autres vont commencer à protester (…).

Entretien réalisé par Bhoye Barry

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