Censure

Insalubrité/‘‘A ce rythme, je crains une catastrophe sanitaire pendant la saison pluvieuse’’, alerte le DG de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité

L’Assemblée Générale hebdomadaire du RPG arc-en-ciel tenue à son siège à l’aéroport ce samedi 22 avril 2017, a servi de cadre au DG de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité pour s’expliquer sur l’insalubrité persistante de la ville de Conakry.

Mise en place depuis le début de l’année 2017, l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité n’a jusque-là pas pu effectuer une seule opération d’envergure sur le terrain, faute de moyens semble-t-il ; malgré les 84 millions d’euros annoncés par la délégation de l’Union Européenne pour soutenir l’assainissement des villes en Guinée.
Selon les explications du DG de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité, Il y a tout un mécanisme à suivre pour que Conakry devient salubre: à commencer par la pré-collecte, la collecte, le transfère jusqu’à la décharge. Ce sont différentes étapes qui constituent les maillons de la chaine de l’assainissement urbain qui sont malheureusement bafoués en Guinée.

Les citoyens ne s’abonnent pas au niveau des PME

S’agissant de la collecte des ordures ménagères, M Sory Camara explique: « Quand vous prenez des PME qui évoluent dans les quartiers, ils ont des difficultés: d’abord parce que les gens ne s’abonnent pas; quand ils s’abonnent, ils ne payent pas. Donc qu’est-ce que ces PME font? Ils abandonnent la collecte des ordures pour ceux qui ne payent pas! C’est ce qui constitue le premier obstacle qui fait que Conakry est sale. J’ai déjà dit cela au président de la République. A tous les niveaux il y a de sérieux problèmes».

Au lieu de 200 bacs à ordures, Conakry n’a que 25

Poursuivant sa communication, le directeur général de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité indique qu’en ce qui concerne les points de regroupement : « Conakry a besoin de 200 bacs à ordures; mais elle n’en a que 25. Ce qui fait que les travailleurs des PME prennent les ordures et les déposent à terre tout près des bacs qui sont en général déjà remplis ».

Et fait, cela ne relève pas d’eux de fabriquer ces bacs, encore moins de les installer au point de regroupement; c’est plutôt le rôle des administrateurs publics, qui doivent équiper les points de regroupements. J’ai dit à Monsieur le président, Pr Alpha condé, que c’est l’une des insuffisances de l’administration dans ce domaine.

Les moyens de transport insuffisants

Ensuite l’autre problème est lié aux moyens de transports, qui doivent enlever les ordures au niveau des points de regroupements pour la décharge.

Les véhicules qui s’occupent du transport sont vétustes; les plus neufs ont plus de 15 ans de vie et il n’y en a que quatre qui doivent s’occuper de 25 conteneurs. Mais dans la réalité seuls deux camions sont encore en activité. Comment voulez-vous que ces deux véhicules s’occupent efficacement de 25 conteneurs, et tous les jours ? Deux camions pour ramasser toutes les ordures de Conakry ! Vous imaginez ? Ce n’est pratiquement pas possible quand on sait que Conakry produit mille tonnes de déchets par jour. Le SPDT que j’ai trouvé en place ne possède pas de camions bennes pour transporter les immondices. C’est pour cela que vous voyez tous les jours les déchets qui s’amoncellent et qui obstruent même parfois la circulation et qui inondent les marchés » a poursuivi Sory Camara.

La décharge n’a pas été aménagée depuis plus de dix ans

Plus loin le directeur général de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité dira que le plus gros des soucis se situe surtout au niveau de la décharge qui n’est vraiment plus praticable, et qui est dépourvue de tout matériel. Il explique que: « Lorsque les bennes arrivent avec les ordures, ils les déversent au niveau de la décharge qui, il faut le noter, n’a pas été aménagée depuis plus de dix ans. Il faut un buldozer pour pousser les immondices et les aplanir, pour que la prochaine benne qui arrive puisse trouver une place. Mais ce buldozer qui fait ce travail n’appartient pas à l’Etat c’est pour un privé. Et chaque fois nous avons besoin de faire tourner la décharge nous devons louer ce matériel à 5 millions GNF pour 8h de travail par jour» a déploré Sory Camara.

 »J’ai dit au Président… »

Avant de revenir sur l’entretien qu’il a eu avec le chef de l’Etat concernant le sujet, le Directeur Général de l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité a dit : « j’ai expliqué tous ces problèmes au Président de la République, le Pr Alpha condé, qui m’a écouté avec attention. En fait j’ai tenu à l’informer parce qu’à ce rythme je crains une catastrophe sanitaire pendant la saison pluvieuse, si rien n’est fait. C’est pour cela que je tire dès maintenant la sonnette d’alarme à tous les niveaux pour que des dispositions soient prises » a prévenu Sory Camara.

Ismaël Sylla pour Guinee7.com

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