Censure

Conakry/Sécurité : Plus de 140 jeunes arrêtés par la police

C’est dans les locaux de la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS) de Cameroun à Conakry, que les autorités de la police ont, ce mercredi, présenté à la presse, 141 jeunes interpellés les mardis 22 et mercredi 23 octobre, dans deux concessions situées à Kagbelen et Kountiya.

Ces jeunes, selon un communiqué lu par le contrôleur général de police, Mamadou Camara, directeur central de la sécurité publique, seraient de plusieurs nationalités dont : « 84 Bissau-guinéens, 46 sénégalais, 9 guinéens, 1 Gambien et 1 burkinabè » avant de faire remarquer que « cette opération prouve à suffisance la récurrence d’infiltration de corps étrangers tant à Conakry que dans les grandes villes de l’intérieur. »

Indexé comme l’hébergeur de ces jeunes, Ibrahima Condé, se disant networker de la société Qnet, dit qu’il ne sait pas pourquoi il était interpellé: « ces gens (les jeunes) sont venus, ils ont fait une cotisation pour se loger. Je ne suis pas responsable d’eux. Ils sont venus par le canal de leurs amis. Parce que je n’ai appelé aucun d’entre eux. Ils sont venus pour faire Q-net, c’est-à-dire la vente en ligne. Je me suis retrouvé dedans, là où j’étais, c’est le chef de secteur qui m’a appelé pour qu’on se voit, une fois là-bas, je me suis retrouvé avec ce problème. Je n’ai logé aucune de ces personnes. Tous ceux qui sont là, font Q-net, ils ne font pas autre chose à ce que je sache. Vous pouvez leur demander, personne ne peut dire que c’est moi qui l’ai appelé. »

Il dit que c’est sur instruction de ses responsables Q-net qu’il a loué la maison de Kountia pour 4 mois.

Se présentant comme un technicien en maintenance réseau, informatique et bureautique de nationalité sénégalaise, Grégoire Mendy, en Guinée depuis le 17 octobre dernier, explique que : « c’est suite à un dépôt de dossier à travers un ami qui m’avait parlé d’une société nommée Siemens, je lui ai demandé de m’envoyer le site de l’entreprise, il m’a juste envoyé le nom. J’ai fait des recherches, j’ai vu que Siemens, c’est une entreprise allemande qui travaille dans la technologie, puisque je suis informaticien, je lui ai dit donc je vais envoyer mes dossiers, je le lui ai envoyé et il a déposé. Dix jours environ, quelqu’un m’a appelé avec un numéro de la Guinée pour me dire qu’il est le gestionnaire, que j’ai un entretien le 18 octobre. J’ai pris un transport en commun.  J’ai été logé à kagbelen plateau. Parce qu’avant de venir, il m’a dit que c’est l’entreprise qui vous prend à charge. Arrivé, moi je croyais que c’était dans une maison familiale ; mais arrivé, j’ai trouvé que des jeunes comme moi. Quand je suis arrivé, j’ai demandé à celui qui m’a amené voir l’entreprise avant mon entretien. Il m’a dit d’attendre que son grand frère vienne, que c’est lui qui me dirigera en ville (…) Le lendemain, ils m’ont dit que puisque tu es sélectionné, avant que tu ne commences la première formation de base, il faut que tu donnes un montant de 500 000 CFA, qui permet de te prendre en charge (…) Je lui ai aussi dit qu’il me fallait une carte de séjour, puisque je suis étranger. Mais il m’a dit que c’est eux qui vont s’occuper de cela. Puisque j’ai confiance, c’est un ami que j’ai connu au Sénégal (…) Lorsqu’on faisait une grande formation générale avec tout le monde que j’ai entendu parler de Q-net, après j’ai interpelé celui qui m’avait amené pour lui dire que l’entreprise dont tu m’as parlée c’est Siemens ou Q-net, parce que là je suis confus. Ils m’ont dit qu’après la formation tu vas comprendre, mais c’est Q-net. Je leur ai dit mais vous me faites déplacer pour Q-net alors que j’ai ça chez moi. Celui qui m’a fait venir c’est un certain Hamid Cherif, mais lui il a été amené par son frère Mamadoudian Sylla. On ne sait pas pourquoi on est là d’abord, c’est le matin, on était couché dans la chambre, on nous a fait sortir, il y a nos bagages, moi personnellement il y a mon ordinateur, mes papiers.»

Un autre, se présentant comme un Bissau guinéen, aurait fait à peu près le même parcours : « il m’a dit qu’avec cette entreprise, on te paie à 450 000 FCFA chaque fin de mois. »

Le général Ansoumane Camara « Bafoué », directeur général de la police nationale, fait savoir : « ce sont des pays amis de la sous-région. Mais le caractère et le moment font que nous nous y intéressons et cela nous inquiète. Des jeunes bras valides comme ça qui quittent leurs pays et qui se retrouvent en Guinée et en ce moment-là. Vous avez remarqué qu’il n’y a pas de filles, ce sont des jeunes entre 15 -20 ans. Tous regroupé dans deux cours, pris en charge par monsieur X, sous le couvert s’une société Q-net. Tout le monde sait que Q-net c’est en ligne, tu peux t’abonner en ligne, envoyer ta part en ligne et on peut t’envoyer ce que tu dois avoir en ligne. »

Avant de faire remarquer : « C’est des gens, j’ai entendu le sénégalais qui dit tout à l’heure qu’il ne sait même pas comment il s’est retrouvé là. Donc ils vont être entendus par les services spécialisés, chacun en ce qui le concerne, la police de l’air et des frontières, la DPJ, les services de renseignements intérieurs, la direction centrale de la sécurité publique en vue que les choses soient situées et compte sera rendu à qui de droit. Mais c’est pour vous dire désormais que la police guinéenne veille et veillera sur la circulation des citoyens de la CEDEAO et leurs biens. Ceux qui sont là légalement, qui sont en train d’exercer les activités légales, il n’y a pas de problème ; mais ceux qui sont là pour des activités suspectes, nous nous intéresserons et vous allez voir. »

Enfin, il rassure : « Les enquêtes prouveront qui est derrière ça. Moi je ne peux pas vous dire pourquoi ils sont là, mais en sourdine quelqu’un m’a tout à l’heure dit pourquoi ils sont là, et nous savons en ce moment-là, nous sommes infiltrés ; nous voyons des attaques à mains armées, nous voyons dans les manifestations. Rien qu’en une seule journée on parle de 10 morts. Nous on a géré des manifestations très houleuses, graves, très graves ici, où on sort avec un mort, mais ils vont nous dire la vérité. »

Enfin la police « invite les citoyens, dans le cadre de la coproduction de la sécurité à dénoncer toute personne suspecte et tout mouvement insolite, au service de sécurité le plus proche ; des instructions fermes sont données à l’ensemble des services de sécurité pour traiter d’éventuels cas de dénonciation avec rapidité et professionnalisme le tout caractérisé par une tolérance zéro».

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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