Censure

La CRIEF « innove » : Quand les chefs d’accusation précèdent les faits !

Le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a affirmé dans une lettre adressée à la direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale (DCIJ), le 17 février dernier, avoir des « indices sérieux » de faits de crimes économiques à l’encontre de tous les membres du dernier gouvernement d’Alpha Condé. La lettre du procureur spécial est toutefois silencieuse sur les faits ou « indices sérieux » individuellement reprochés à chacun des membres dudit gouvernement.

Pourtant, « la responsabilité pénale est individuelle », nous enseignent les juristes. A moins qu’avoir été simplement membre de ce gouvernement soit un crime ! Il s’agirait, selon de nombreux observateurs, d’une véritable chasse aux sorcières. Au-delà des critiques morales ou éthique d’une telle action, il y a un véritable risque que ceux des ministres d’Alpha Condé qui auraient véritablement commis des crimes économiques passent par les mailles du filet de la justice simplement à cause d’un vice de procédure.

Surtout si la DCIJ, sous la pression de ne pas démentir le procureur spécial, ne base pas ses accusations sur des preuves  mais plutôt sur des délations dont beaucoup sont friands par les temps qui courent. Dans une procédure judiciaire normale, les chefs d’accusation sont basés sur des faits et non l’inverse comme c’est actuellement le cas. Pour éviter des dérapages, il est important que la CRIEF revoie sa copie et que la DCIJ soit stricte dans le traitement des informations qu’elle reçoit pour faire la part entre les rumeurs et les faits réels. C’est à ce prix que la justice ne sera pas elle-même accusée d’être politique ou caporalisée.

Aziz Sylla pour guinee7.com

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