Il faut le dire sans détour : Les nations les plus prospères et les plus heureuses sont souvent celles qui ont su faire de la diversité une force. Les États-Unis, symbole imparfait, c’est vrai, mais réel de la coexistence de cultures, ont bâti leur puissance sur l’apport de générations d’immigrés. Alors comment expliquer qu’en 2025, sur le continent africain, certains dirigeants s’acharnent encore à exclure leurs compatriotes sous prétexte de ‘‘nationalité douteuse’’ ?
C’est non seulement anachronique, c’est honteux
Il est incompréhensible -pour ne pas dire révoltant- qu’une loi discriminant selon la nationalité existe encore en Côte d’Ivoire, surtout sous la présidence d’Alassane Ouattara. Lui qui a tant souffert de ces lois iniques, qui a dû attendre, lutter, prouver qu’il était digne de se présenter. Lui dont le parcours est devenu le symbole de la résistance face à l’exclusion. Comment peut-il cautionner, aujourd’hui, un système qui fait subir à d’autres ce qu’il a lui-même enduré hier ?
Le cas de Tidjane Thiam illustre cette dérive. Voilà un homme qui a servi la Côte d’Ivoire, qui a porté ses couleurs sur la scène internationale, qui a démontré sa loyauté et ses compétences. Mais non : on l’écarte sous prétexte que sa nationalité serait douteuse. À ce stade, ce n’est plus du droit, c’est du cynisme.
Ce qui s’est passé avec l’ancien ministre du Plan et du Développement ivoirien est un scandale. C’est une trahison de l’idéal d’unité africaine que de rejeter l’un de ses fils les plus brillants parce que sa naissance ou son parcours ne rentre pas dans les cases étroites héritées du colon. Faut-il rappeler que les frontières qui nous divisent aujourd’hui sont artificielles, dessinées sur une table de négociation sans égard pour nos histoires, nos peuples ou nos aspirations.
Car au fond, ce n’est pas le passeport qui compte. En démocratie, c’est la loyauté envers le peuple et la capacité à le servir. Et c’est le peuple -et uniquement le peuple- qui doit décider à qui il confie le pouvoir. Pas une commission électorale téléguidée. Pas une loi écrite sur mesure pour éliminer un adversaire.
L’Afrique a besoin de grandeur, pas de petits calculs. Et la grandeur commence là où l’exclusion s’arrête.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com