Censure

Présidentielle 2015 : Le cas Dadis, un enjeu électoral !

Le retour du capitaine Moussa Dadis Camara au bercail revient de nouveau au-devant de la scène  comme un enjeu électoral, dans la perspective de la présidentielle du 11 octobre. La manifestation organisée par des femmes de la province de N’Zérékoré le vendredi dernier, lors de laquelle elles réclamaient vivement le retour de l’ex-chef de la junte au pays, au risque de ne pas « voter » lors du scrutin à venir, illustre cet état de fait. Ce message semble être  clairement adressé à qui de droit, c’est-à-dire au président de la République, qui avait fait du retour de Moussa Dadis Camara un de ses arguments de campagne, du côté de la région forestière, où il était parvenu ainsi à rallier à sa cause le gros de l’électorat.

Ce sont des centaines de  femmes qui  se sont mobilisées  vendredi dernier à  N’Zérékoré,  capitale de la région forestière pour   manifester à travers une marche dite « pacifique »,  en faveur du retour au pays, du capitaine Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte, qui se trouve en convalescence au Burkina Faso, depuis  la tentative d’assassinat à laquelle il avait pu échapper, lors d’une altercation avec son ancien aide de camp, Aboubacar « Toumba » Diakité, le 3 décembre 2009 dans la garnison du camp « Makambo. »

Cette marche s’est déroulée sur un parcours long d’environ  10 kilomètres.  Allant  du gouvernorat de la ville de N’Zérékoré, à la place des martyrs, située à la devanture de la préfecture et du camp Béhanzin, principale garnison militaire de la région. Les manifestantes avaient des foulards blancs noués autour de la tête et scandaient des slogans appelant au retour de Dadis, le fils prodige au pays.

Cette mobilisation n’était pas autorisée par les autorités locales, qui ont déployé des unités de la gendarmerie, en vue de dissuader, les manifestantes, afin qu’elles renoncent à leur marche. Mais elles ont bravé le commandant de l’escadron de la gendarmerie mobile numéro 10, Sâa Joseph Dembadounho. Qui malgré ses propos outranciers du genre « si vous manifester nous allons  botter  vos fesses », n’a pu freiner l’élan de ces dames. Qui l’auraient plutôt mis au défi de mettre ses menaces à exécution. Chose qu’il n’osera pas faire.

Ces  femmes ont ainsi réussi à faire passer leur message portant sur  le sort de Moussa Dadis Camara, dont elles réclament le retour, au président de la République.  Celui-ci avait promis en effet lors de la campagne électorale de 2010 de faire revenir Dadis Camara au pays. Les manifestantes le lui ont rappelé lors de la marche. Elles disent prier pour lui en tant que président de la République. Mais réaffirmer leur détermination à ne pas baisser les  bras, tant que Dadis n’est pas de retour.

Il conviendrait de noter  que Dadis Camara est originaire de la région de N’Zérékoré, où il s’était rendu en avril  2013, pour assister aux obsèques de sa défunte mère. Le capitaine avait fait le voyage Ouagadougou-Nzérékoré, via Monrovia, en compagnie de l’ex-chef d’état-major particulier du président Blaise Compaoré, le général Diendéré.

Autre chose à mentionner à propos du capitaine Camara, c’est que cette manifestation des femmes de la province de N’Zérékoré a lieu, moins d’une semaine après qu’un parti dénommé Force patriotique pour la démocratie et le développement (FPDD), l’ait désigné à sa tête, pour porter ses couleurs lors de la futur présidentielle. Même si la formation du parti n’a pas dévoilé les ambitions qui sous-tendent ce plébiscite.

Il faut aussi rappeler que l’ex-chef de la junte a été entendu à partir du Burkina Faso, où il réside depuis janvier 2010, par le pool de juges mis en place par la Guinée, dans le cadre de la procédure engagée pour faire la lumière sur le massacre du 28 septembre 2009, qui avait fait 157 morts selon un rapport des Nations Unies.

Dadis Camara avait été accueilli par le président Blaise Compaoré, alors médiateur dans la crise guinéenne, après son hospitalisation au Maroc, où il avait été soigné, après la blessure que lui avait infligé son ancien aide de camp, qui lui avait tiré dessus, lors d’une altercation, dans une garnison de la capitale guinéenne le 3 décembre 2009.

Alpha Amadou Diallo (Le Démocrate)

 

 

 

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